• Bénédicte Rouvreau nous a fait l'honneur de nous accorder une interview à l'occasion de la sortie de son premier ouvrage. La dernière question consistait en un exercice de style…

     

    9 - Et maintenant, un petit exercice de style… Peux-tu nous composer un texte de ton cru avec pour contrainte, d’utiliser, dans l’ordre, les premiers mots qui te viendront à l’esprit en complétant les 20 syllabes suivantes :

    bi - car - en - con - me - ta - no - ca - ba - ap - se - fa - bi - ma - cre- lu - hi - li - cho - su

     

    diagnostic_psychiatrique

    Le diagnostic est tombé hier soir, je venais d’arriver au boulot. Bipolaire. Sans blague… L’autre dégénéré avec une gueule en carton mâché ? Il n’est pas prêt de sortir de cette chambre, lui, encore qu’il n’a même pas l’air pressé de se barrer. Ce matin, quand je suis monté le voir, il a fallu le contraindre à avaler ses petites pilules. Merci bien, a-t-il répondu, ce taré. Ses terreurs nocturnes m’ont encore réveillé la veille. Je suis fatigué de travailler ici, fatigué de devoir me taper les hallucinations de ce mec, fatigué de le voir se cacher sous ses  humeurs narcissiques, excessives, puis amorphes et dépressives, fatigué de le voir baver quand il aperçoit Jenny et sa poitrine gourmande  lui portant son plateau repas, fatigué de l’entendre la supplier de lui nettoyer le serpent qu’il cache dans son slip.

    Ce type est fabuleux, quand j’y pense. Bien plus macabre que ne l’affirme le toubib. Dans son crâne ça doit pulser à 2000, tellement lunaire comme personnalité. Sur l’échelle de l’intelligence il n’empêche qu’il se hisse aussi haut qu’il ne se rétame au sol, la tête explosée dans la litière.

    Hé !!  Lâchez-moi ! C’est quoi cette chose que vous voulez me faire avaler ? Je suis son infirmier, qu’est-ce que vous me faîtes ? Je suis ce mec depuis son entrée à la clinique, vous allez pas me faire le coup de pas savoir qui je suis, doc ?

    Jenny ! Allez chercher l’équipe de jour s’il vous plait. Je suspends mon diagnostic, je crois que je me suis trompé sur ce cas.

     

    Pour suivre l'actualité de bénédicte Rouvreau, rdv sur sa page Facebook.

     


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  • AGNÈS MARTIN-LUGAND, c'est un premier roman auto-édité sur Amazon dès le lendemain de Noël 2012, avec un succès quasi immédiat qui la propulse parmi les meilleures ventes de la catégorie Littérature d'Amazon, et soudain cet exploit qui débouche sur le début d'un vrai conte de fée, avec l'éditeur Michel Lafon qui la contacte pour lui proposer son premier contrat, les premières interviews radio, télé, etc… et tout le tapis rouge que l’on déroule à des personnes comme elle.

    Bref : 150 000 exemplaires vendus

    + la traduction de son livre dans une vingtaine de pays

    + une adaptation cinématographique en vue

    + + +…

    Les_gens_heureux_lisent_et_boivent_du_cafe

    Tout le monde se souvient bien évidemment de ce livre qui fait partie des titres, mais aussi tout simplement des grands moments de lecture que l'on n'oublie pas :

    LES GENS HEUREUX LISENT ET BOIVENT DU CAFÉ

    Aujourd'hui, 5 juin 2014, Agnès peut sabrer au moins deux bouteilles de champagne :

    1. son premier roman sort au format poche, pour le plaisir de ceux qui se voient déjà le lire à la plage cet été (et là, on fait whaou ! le format poche !!!)

    2. et plus merveilleux encore : Agnès récidive avec la publication, chez Michel Lafon toujours, de son deuxième roman ENTRE MES MAINS LE BONHEUR SE FAUFILE.

     

    D'abord, il faut savoir que si je publie cet article, c’est que j'ai eu la chance de pouvoir le lire avant qu'il sorte.

    Enfin non, je ne l'ai pas lu : je l’ai dé-vo-ré en une seule journée !
    À moins que ce soit ce livre, qui m’ait dévoré, je ne sais plus…

     

    Pour celles ou ceux qui se posent la question : 334 pages.

    « Ouf ! », n'est-ce pas ? C'est un roman beaucoup plus étoffé que le premier (dont le seul reproche que je pouvais faire était d’être trop court).

     

    Résumé de l'éditeur :

    Depuis l’enfance, Iris a une passion pour la couture. Dessiner des modèles, leur donner vie par la magie du fil et de l’aiguille, voilà ce qui la rend heureuse. Mais ses parents n’ont toujours vu dans ses ambitions qu’un caprice : les chiffons, ce n’est pas « convenable ». Et Iris, la mort dans l’âme, s’est résignée.

    Aujourd’hui, la jeune femme étouffe dans son carcan de province, son mari la délaisse, sa vie semble s’être arrêtée. Mais une révélation va pousser Iris à reprendre en main son destin. Dans le tourbillon de Paris, elle va courir le risque de s’ouvrir au monde et faire la rencontre de Marthe, égérie et mentor, troublante et autoritaire…

    Portrait d’une femme en quête de son identité, ce roman nous entraîne dans une aventure diabolique dont, comme son héroïne, le lecteur a du mal à se libérer.

    agnes_martin_lugand_interview

     

    Mon avis :

    Il est simple. Il est sans nuance. Il est percutant :

    Vlan. C’est encore une grosse claque dans la gueule. Ou plutôt, pour dire les choses en mieux : une grande leçon de littérature ;-)


    Avec ce nouveau roman, AGNÈS MARTIN-LUGAND confirme son entrée par la grande porte dans le monde des auteurs dont on ne peut plus se passer dès qu’on les a découverts.

    Ses personnages sont finement maîtrisés, j'adore sa façon de jouer avec les émotions qui les habitent. C'est du grand cru, encore une fois. Un roman à la fois différent du premier… et fidèle à sa façon de jouer avec les émotions qui prennent en tenaille ses personnages.

    Beaucoup d´authenticité, beaucoup de réalisme, beaucoup de clairvoyance au delà des comportements humains et de leurs apparences.

    Iris, Pierre, Marthe, Gabriel… 4 personnages que vous n’oublierez jamais. Des caractères d’une complexité et d’une authenticité si troublantes qu’ils vous remueront jusqu’au fond des tripes jusqu’à ce que vous ne puissiez plus faire autrement que vous rendre compte que vous ne pouvez que les aimer.

    J’ai particulièrement été admiratif de la façon dont Agnès Martin-Lugand laisse croître les tensions internes du personnage principal, et des conséquences qu’elles ont sur le rythme de l’histoire, dont on a du mal à s’extraire. La fin du livre, bien que périlleuse, se révèle parfaitement maîtrisée, comme la dernière pièce d'un puzzle qui viendrait parfaire l'ouvrage, ou plutôt la clef de voute d'un édifice qui viendrait lui conférer non seulement toute sa solidité, mais aussi sa splendeur.

    Encore une fois, c’est un livre qui ne se lit pas : il se dévore.

    On pourrait alors croire qu’on l’oubliera sitôt qu’on l’aura refermé et reposé sur son étagère, mais que nenni ! c’est absolument le contraire.

    C’est une lecture qui ne s’oublie pas.

    Une histoire qui marque. Des personnages qui nous habitent. Un style qui fait mouche et un livre qui reste, dont on ne peut sortir que grandi.

     

    Agnès avait fait une percée remarquable l'année dernière avec LES GENS HEUREUX LISENT ET BOIVENT DU CAFÉ, mais cette fois-ci, n'en déplaise à ses détracteurs, cette jeune auteure démontre avec audace qu'elle fait maintenant partie des auteurs dont la littérature française aura du mal à se passer.

    Félicitations Agnès.

    Un bel exemple de réussite pour les auteurs qui souhaitent commencer en toute indépendance ;-)


    Redécouvrez L'INTERVIEW D'AGNÈS MARTIN-LUGAND réalisée en mars dernier :
    http://www.auteursindependants.com/les-auteurs-independants/quand-agnes-martin-lugand-ecrit-et-boit-du-cafe,a3574001.html


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  • Vera Sayad est productrice et animatrice de l'émission "Le Tremplin des Auteurs", diffusée sur Radio Lez’Art.

    Les podcasts de l’émission sont notamment disponibles sur la chaine Youtube du "Tremplin des Auteurs".

    La première partie est publiée ici : Le Tremplin des Auteurs de Vera Sayad.

    20140324 tremplin auteurs

    4 – Quelle est la liste de vos auteurs interviewés jusqu’à présent ? Et que retiendrez-vous de chacun d’entre eux ?

    Dans l’ordre chronologique :

    - Charlie Audern : une personnalité entière et généreuse, enthousiaste et impliquée qui m’a beaucoup soutenue dans ce petit bout de parcours notamment en activant son réseau qu’elle n’hésite jamais à solliciter lorsqu’elle croit en la valeur d’une action. On retrouve cet engagement et cette force dans son écriture où elle conjugue une âpreté très carrée, très virile, avec cette douceur et cette finesse discrète et présente en un cocktail tout à fait étrange et désarmant. Elle mérite absolument d’être encouragée à écrire et à peaufiner sa technique, maîtriser davantage la syntaxe (ce que fait en réalité un véritable éditeur une fois qu’il a "adopté" un auteur)  car le "jus" y est !

     

    aloysius- Aloysius Chabossot : Sa barbe ! Non, en fait Aloysius était un personnage qui m’impressionnait beaucoup et tout en appréciant son cynisme que je trouvais plutôt sensible et intelligent malgré son côté provocateur et outrancier je craignais d’avoir affaire à un individu difficile à aborder et qui prendrait plaisir à me déstabiliser. J’étais assez nerveuse juste avant l’interview ! Et j’ai en fait eu la surprise de parler à un homme très simple, sincère et sans artifice, de bonne volonté et pas méchant pour un poil (de barbe, cela va de soi). Je sais qu’il est parfois mal perçu et j’espère que ceux qui ont écouté l’interview ont pu découvrir un personnage sympathique et accessible  derrière "Avatar Man".

     

    - Claire Roig : comme je vous le disais, je connaissais déjà Claire avant cette émission… et cela ne m’a pas facilité la tâche du tout car je ne me sentais pas congruente dans ce rôle d’intervieweuse, à lui poser des questions dont nous savions pertinemment l’une et l’autre que j’en connaissais les réponses depuis longtemps. C’était difficile de la vouvoyer sans rire, et comme je voulais malgré tout l’amener vers des terrains que nous n’avions jamais eu l’occasion d’aborder — c’était un cadeau que je voulais lui faire, de lui donner l’occasion de découvrir elle-même de nouvelles choses sur son écriture — je marchais sur des œufs de crainte de la déstabiliser ou de la gêner, car Claire est très secrète. J’ai adoré son rire lorsque je lui ai demandé si elle était optimiste, et si j’avais dû conserver un seul moment de l’interview c’est celui-ci, sans hésitation !

     

    Journal_de_bord_d'une_detenue- Josina Godelet : j’ai vraiment regretté le problème technique qui m’a obligée à tronquer de très grands morceaux de l’interview mais c’était par moments inaudible à cause de la saturation du son. Cette émission m’a aussi confrontée à mes propres engagements. J’avais le sentiment de prendre un grand risque en mettant en avant Josina non pas pour son témoignage mais pour son geste d’auteur car on pouvait ne pas tolérer son manque de maîtrise de la syntaxe et du vocabulaire. Alors je me suis fortement appuyée sur ce que j’ai vécu lorsque j’ai découvert son livre : puisque je l’avais lu d’une traite malgré ses défauts, avec avidité… c’est qu’il rassemblait des qualités particulières qui font les bons livres. J’ai donc analysé ce ressenti personnel pour déterminer ce qui avait "fonctionné" pour moi et j’en ai tiré une belle leçon dont il m’a semblé qu’elle pouvait être utile à tous les auteurs qui ont perdu le sens du récit à vouloir trop sacrifier à l’effet. Josina, c’est un sacré moment de franchise et d’émotion, de sa part et aussi de la mienne. Je pense que cette émission est une des plus réussies si j’en crois les retours que j’en ai eus. Je remercie aussi vivement Josina de m’avoir fait confiance car le contact qu’elle avait eu jusqu’alors avec les journalistes qui ne voyaient en elle qu’une détenue sans avoir pris le temps de lire son livre, n’avait pas été valorisant ; ce n’était pas facile pour elle, elle a été superbe.

     

    charlie_bregman- Charlie Bregman : vous voulez vraiment qu’on en parle ? Alors avec Charlie le courant est tout de suite passé du fait que nous nous sommes découvert une culture commune du développement personnel et donc de la philosophie de la relation aux autres qui va avec. C’est d’ailleurs ce qui transparait nettement dans Vivement l’amour qui est de mon point de vue bien plus un guide de "savoir-être heureux adulte" qu’une cocasserie sur l’adolescence. Ce qui m’a touchée aussi, c’est cette atmosphère de nostalgie autour des années 80, le regard que porte Charlie sur l’époque de son adolescence alors que, avec mes dix ans de plus, je vivais les mêmes choses mais en étant déjà jeune adulte. J’ai trouvé étrange de découvrir qu'une période qui n’était pas pour moi dans le champ de la nostalgie possible (car j’étais déjà trop âgée pour la vivre avec cette saveur particulière propre à l’adolescence) pouvait susciter autant de "coups de nougat dans l’âme" chez de plus jeunes que moi : en découvrant le trésor de Charlie, le temps m’est devenu bizarrement élastique et protéiforme.

     

    la-part-des-anges-patrice-salsa- Patrice Salsa : je pense que tous ceux qui me suivent de près ou de loin ont bien compris que Patrice fut et demeure pour moi LA révélation ! Je me sens tout à fait en osmose avec sa façon d’écrire, la complexité et la subtilité de ses constructions, cette jubilation (le mot est particulièrement choisi car il est l’essence de l’écriture de Patrice) qu’il active en jouant comme il le fait avec son lecteur, en lui offrant des joujoux intellectuels et émotionnels qui m’ont fait littéralement applaudir de satisfaction et de ravissement, comme une gamine, à chaque passage particulièrement bien torché. Le problème est que la barre est montée très haut et qu’il m’est devenu beaucoup plus difficile de faire preuve de ma bienveillance habituelle à l’égard des autres auteurs. J’avoue que cette interview m’a fait me poser de vraies questions sur le sens de cette émission et sur sa forme. Il y a eu une bascule qui m’a déstabilisée dans mes choix, m’a fait douter profondément et péniblement… mais qui est à l’origine d’une autre formule qui me permettra de soutenir tout autant et même mieux les auto-édités, d’une façon plus appropriée. On en reparlera plus loin, je crois.

     

    - Luober : mon dernier interviewé. Déjà, je ne croyais plus au Tremplin des Auteurs dans sa première formule et j’en ai pris clairement conscience avec cette interview qui s’est très bien passée (je crois que Luober était plutôt content) mais que j’ai abordée avec beaucoup plus de distance. Par ailleurs, Luober avait largement travaillé et peaufiné son intervention, et son assurance couplée à ma baisse d’implication a fait que je l’ai laissé parler avec son masque sans vraiment aller chercher comme chez les autres la surprise, ce "quelque chose" qui tient de la révélation. Cette interview reste tout à fait honorable, et dans la même veine que les précédentes, mais j’ai le sentiment d’être passée à côté de cet auteur sans le rencontrer, de ne pas avoir vécu ce sentiment de magie comme avec les six premiers… alors que j’ai vraiment beaucoup adhéré au monde de Erwan Bucklefeet et à cette histoire qui me parlait beaucoup puisque je connais assez bien la Bretagne, que l’ésotérisme et les affaires de l’au-delà ont un pouvoir d’attraction sur moi et que je suis historienne de l’art de formation : j’étais donc en théorie dans mon élément… mais je n’y étais pas… ce qui m’a fait comprendre qu’il fallait que je change d’approche pour rester honnête avec les auteurs, les auditeurs et moi-même.

     

    5 – Avant de revenir sur cette nécessité professionnelle de "changer d'approche", quel est le point commun qui pourrait relier tous ces auteurs entre eux ?

    Sans hésiter : la générosité, la sincérité, leur honnêteté en tant qu’auteurs… sachant que c’est toujours ce que je finis par trouver chez toute personne dont je prends la peine de faire connaissance. Je n’étais pas forcément une personne très tolérante dans ma jeunesse, bien qu’ouverte intellectuellement et prête à tout apprendre. J’avais facilement des a priori auxquels je croyais. Aujourd’hui j’en ai encore, mais je n’y crois plus ! C’est mon métier qui m’a appris cela : toute personne est belle, riche et surprenante à sa façon lorsqu’on la regarde telle qu’elle est avec des yeux propres et dénués de jugement. Alors des écrivains, je ne vous dis pas !… (tiens, ça ne sonne pas comme un a priori, ça ?)

    de_l_auteur_au_livre

     

    6 – Si vous aviez un conseil à formuler en une seule phrase, à l’intention de tous les auteurs indépendants, quel serait-il ?

    En une seule phrase ? À la manière de Proust, alors ! Bon, là aussi sans hésiter, je dis : communiquez sur ce que vous faites sans fausse pudeur puisque vous êtes votre seul représentant, et si vous ne vous faites pas connaître, personne ne le fera pour vous sauf si vous vous offrez  les services d’un agent… car des Vera Sayad qui viennent vous chercher par la peau des fesses, il n’y en a pas des tonnes ! Maintenant que le conseil est formulé en une seule phrase, je peux ajouter à l’intention des auteurs que j’ai interviewés qu’ils ne doivent pas hésiter à mettre en avant cette interview dont ils ont bénéficié, c’est un outil de communication qui a sa valeur et sa force d’impact et ne doit pas rester dans l’ombre : profitez-en, faites en quelque chose de ce cadeau ! J’avoue que j’ai souvent eu l’impression de m’investir beaucoup plus dans la promotion des auteurs que j’ai interviewés qu’ils ne l’ont fait eux-mêmes (diffusion sur les pages Facebook, annonce, référencement des vidéos postées sur la chaîne YouTube etc.), à l’exception de Josina qui se révèle être une championne de la communication (et comme par hasard, presque 300 vues sur YouTube contre une petite centaine en moyenne pour les autres, ou bien une dizaine de vues supplémentaires en un seul jour — c’est-à-dire depuis hier au jour où je réponds à cette interview —  pour Patrice Salsa depuis que je lui ai conseillé de présenter la vidéo sur sa fiche candidat à l’Académie Balzac… et je suppose qu’il y en aura bien davantage les jours suivants)

     

    7 – Curiosité technique : quel travail se cache en réalité derrière une demi-heure d’interview ?

    Un chantier de titan qui demande au bas mot trois jours pleins de travail non-stop, ce qui explique que je ne peux raisonnablement pas maintenir l’émission sous cette forme même sans états d’âme, puisque je n’en tire aucun revenu ni avantage quel qu’il soit sinon de m’offrir une superbe aventure au détriment de ma vie personnelle et professionnelle. En résumé (encore quelqu’un qui rigole au fond ?!), l’émission consiste à dénicher les auteurs et donc lire des tonnes de bouquins (en gros, le travail de sélection qui fait hurler les éditeurs et auquel n’est pas confronté un journaliste, courtisé qu’il est par les attachés de presse). Je suis devenue la championne de la lecture quantique (version "super+" de la lecture en diagonale). Une fois un auteur détecté, je plonge dans ses livres, sites et corpus de commentaires pour en tirer un fil conducteur… puis prise de rendez-vous avec lui pour l’interview, généralement par téléphone pour des raisons de distance géographique avec explications et tests de qualité pour la prise de son (j’ai un procédé tout simple auxquels même des professionnels radio de ma connaissance n’ont pas pensé, mais qui demande la participation active des interviewés). Ensuite, je sélectionne les passages les plus intéressants (et c’est à chaque fois un crève-cœur car tout est intéressant et je ne dois garder qu’une vingtaine de minutes sur une moyenne d’1h30 de parole recueillie) ce qui m’oblige à refaire les questions pour préserver l’illusion du direct, je les monte en "nettoyant" les bruits de bouche intempestifs, les trop longues hésitations, les propos parfois incohérents (ça arrive à tout le monde), enfin bref tout le "yaourt" qui ne peut pas passer à l’antenne, puis j’intègre les lectures d’extraits (je n’ai pas parlé de ces lectures dont je ne suis personnellement pas très fière mais ça aussi, ça demande beaucoup plus de temps qu’on ne l’imagine, et je n’ai pas pu les soigner aussi bien que j’aurais aimé) et les passages musicaux… puis enfin je procède au mixage technique des sons (équilibrage des voix sur les musiques de fond, harmonisation des volumes…) avant envoi à la radio… et ce n’est pas fini puisqu’il y a aussi le travail de promotion sur Facebook et la réalisation de la vidéo pour le podcast YouTube… Ouf ! Je crois que j’ai la foi chevillée au corps pour faire tout ça toute seule et être à la fois lectrice dénicheuse, critique littéraire, journaliste, relation publique, animatrice, narratrice, technicienne-son et chargée de communication. Je le dis sans modestie, fausse ou non, je suis fière de moi, du résultat obtenu et de toutes les manifestations d’estime que j’ai reçues en abondance : ces messages sont une pluie d’or !

    montage-audio

    8 – Quels sont donc les objectifs que vous vous êtes fixée pour l’avenir de votre émission ?

    Donc vous l’avez compris je ne maintiens pas la formule… sauf si j’ai vraiment un gigantissime coup de cœur calibre Patrice Salsa, et dans ce cas je ferai un numéro spécial. En revanche, après avoir réfléchi plus à fond et sur la base de cette première expérience sur ce qui est important de faire pour moi en direction des auteurs auto-édités, c’est-à-dire les faire connaître et donner envie à des lecteurs potentiels de les lire, je suis en train de mettre en place une autre formule qui sera en principe beaucoup plus légère à porter pour moi et qui profitera à bien plus d’auteurs tout en offrant une vitrine intéressante à des narrateurs professionnels débutants. Elle consistera en lectures d’extraits que m’auront envoyés les auteurs, choisis par les narrateurs eux-mêmes selon leur propre ressenti et sans que j’intervienne dans la sélection, que j’intégrerai sans doute dans une petite histoire-cadre support de l’animation de l’émission, avec lecture en introduction d’un texte d’un auteur classique en lien avec le thème de l’histoire-cadre. J’ai déjà eu beaucoup de réponses de la part des auteurs,  je suis en train de recruter les narrateurs, je dois réfléchir à l’habillage sonore, lui trouver un nom… et l’émission devrait voir le jour en avril (Radio Lez’Art.fr qui héberge Le Tremplin des Auteurs me fait entièrement confiance et me laisse le champ libre). Avec cette nouvelle formule, qui sera encore plus plaisante que la première, j’ajoute une action plus fortement colorée en faveur d’un autre domaine qui me tient à cœur : l’audio-livre. Elle servira les auteurs indépendants mais aussi les petits éditeurs s’ils veulent bien répondre, les narrateurs, les lecteurs "silencieux" en quête de livre à se mettre sous la dent et aussi les simples auditeurs qui se divertiront à la seule écoute de ces extraits. Elle devrait rayonner plus largement que la première…

     

    9 – Pour vous, la littérature, en une phrase, c’est quoi ?

    Introduction

    I)…

                a)…

                b)…

                c)…

    II) …

    a)…

                b)…

                c)…

    III) …

    a)…

                b)…

                c)…

    Conclusion

    Vous remplissez les blancs à votre convenance !

     

    10 – Et pour finir, une petite question un peu personnelle : y a-t-il une auteure en sommeil derrière Vera Sayad animatrice ? :-)

    Qui dort profondément, oui… et qui se retourne parfois dans sommeil en grognant…

    À vrai dire, depuis que je fais de la lecture à haute voix et des narrations pour l’audio-édition, je me sens un peu auteur (excusez-moi mais j’ai une certaine réticence personnelle à mettre "auteur" au féminin) de chacun des livres auquel je donne ma voix… alors j’ai le sentiment, de cette façon, d’écrire bien plus d’œuvres que si je le faisais par moi-même, et cela satisfait pleinement mon besoin de diversité, car même si je connais l’ineffable joie et l’exquise douleur de l’écriture, ces moments de grâce donnés aux artistes, aux chercheurs, aux inventeurs, aux penseurs, aux mystiques, je suis bien certaine que je m’ennuierai très rapidement face à mes propres déjections scripturales. Ces moments sublimes que j’évoque, je les vis aussi à travers l’accompagnement des personnes lorsque je les aide à naître une deuxième fois au monde et une première fois à elles-mêmes… et si j’avais l’occasion de le faire pour permettre à un auteur de s’épanouir dans son art et dont je lirai ensuite les œuvres à haute voix, alors je crois que je serai comblée au point que cela en deviendrait insoutenable !

    Charlie, je te remercie du fond du cœur de m’avoir offert un espace sur ton site et de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer à mon tour.

    Et je remercie aussi tous les auteurs qui m’ont accueillie à bras ouvert, qui m’ont fait confiance malgré la peur qu’ils avaient face à l’interview, les auditeurs qui se sont fidélisés (et auprès de qui je m’excuse de ne pas poursuivre la première formule en espérant que le seconde leur plaira au moins tout autant) et qui m’ont envoyé des messages nourrissants.

    Un ami me disait récemment :

    « Rends-toi compte de la chance que tu as de savoir te donner les moyens de vivre cela… »

     

     


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