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    — Allez ! Ne pleure pas, gamin ! S’il s’énerve comme ça, papa, ce n’est pas contre toi : c’est juste qu’il est en haut de l’escabeau et que, de là où il est, il ne peut pas attraper le tube de glue, et que, si cela continue, vu comme les marches ont l’air de branler, il va finir par se casser la gueule, le papa, et il se fera tellement mal qu’il ne faudra pas lui en vouloir s’il ne peut plus ramener d’argent à la maison et qu’on n’a plus rien à bouffer, tu comprends ?<o:p></o:p>

    Des yeux comme des billes. Encore.<o:p></o:p>

    Il ne sait faire que ça, ce mioche, écarquiller les yeux. Il doit avoir un sérieux problème de motricité cérébrale. C’est pas normal, tout ça. Ce comportement d’autiste, à quatre ans, avec des mots qui ne sortent que par petits groupes de deux ou trois syllabes, moi, je dis que ce n’est pas normal. Sa mère ne veut rien n’entendre, mais il n’empêche que si l’on tarde encore à regarder la réalité en face, il n’y aura plus de place dans les organismes spécialisés pour le prendre à charge.<o:p></o:p>

    — Bon, tu ne veux toujours pas me passer le tube de glue ?<o:p></o:p>

    Igor se baissa, saisit le tube de glue, et me le tendit.<o:p></o:p>

    — Ah ! Tu vois, que tu comprends, quand tu veux ! Bon garçon, va ! Ça mérite un susucre, ça ! Va demander un susucre à ta maman ! Allez ! Ne reste pas là ! Si papa te tombe dessus, tu ne pourras plus jamais te relever !<o:p></o:p>

    Mais il ne bouge pas. Il attend.<o:p></o:p>

    Il attend quoi, au juste ? Que je tombe ?<o:p></o:p>

    — Tu ne m’aimes pas, toi ? Pas vrai ? Tu n’espères qu’une seule chose : que je me fracasse en long, en large, et en travers, c’est ça ? Tu ne te rends donc pas compte de tout ce que je fais pour toi, pour que tu ne manques de rien dans cette maison ?<o:p></o:p>

    Igor retire enfin son pouce de la bouche. Il jette un œil du côté de la cuisine, par dessus l’épaule, et il me fait :<o:p></o:p>

    — Tu es un méchant papa ! Tu fais que râler et râler toute la journée, et puis quand tu ne râles pas, tu ne fais que faire de la peine aux autres !<o:p></o:p>

    Il prend le marteau rouge qu’il venait de me tendre, le pose debout par terre, et il ajoute :<o:p></o:p>

    — Comme ça, si tu tombes, tu te feras encore plus mal !<o:p></o:p>

    Et il s’enfuit dans la cuisine, me laissant tout con sur mon escabeau, ne sachant plus quoi penser de cet individu qui vient de revendiquer haut et fort son droit à une existence normale.<o:p></o:p>

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    ***<o:p></o:p>

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    C’est à partir de ce jour-là, que je me mis à regarder Igor d’une autre manière. Que je l’acceptais ou non, j’avais un fils. Et celui-ci n’avait pas demandé à venir.<o:p></o:p>

    Pour la première fois de ma vie, je ressentis une telle honte vis-à-vis de mes comportements, que j’en fis des brûlures à l’estomac. Je me dirigeai tout droit vers le tiroir de la pharmacie et m’emparai d’un plâtre gastrique périmé.<o:p></o:p>

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    ***<o:p></o:p>

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    Deux jours plus tard, j’offris à Igor mon premier cadeau : une petite moto électrique capable d’atteindre les soixante-dix kilomètres heure.<o:p></o:p>

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