• En luttant contre la dépression, on peut aussi freiner la progression du cancer colorectal.

    par Charles-Philippe Giroux

    Le 7 avril 2006 – Et si la dépression avait ses bons côtés ? Des chercheurs de l’Université McGill ont découvert que les médicaments les plus couramment prescrits pour lutter contre cette maladie pouvaient aussi retarder la croissance de certaines tumeurs cancéreuses.

    D'après leurs résultats publiés dans le numéro d'avril du Lancet Oncology Journal, les patients qui prennent un type d’antidépresseurs appelés «inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine» auraient 30% moins de risque de développer un cancer colorectal que ceux qui n’en prennent pas.


    Cette gamme d’antidépresseurs agit sur
    la sérotonine, un neurotransmetteur qui joue un rôle important dans le fonctionnement du système nerveux central. Or, si la sérotonine est surtout citée pour son rôle dans le cerveau, elle se retrouve aussi dans le système digestif. «Elle favorise la croissance des tumeurs et elle est très abondante dans l'intestin», explique Jean-Paul Collet, professeur d'épidémiologie et de biostatistique à la faculté de médecine de McGill. Les antidépresseurs aideraient à éliminer certaines cellules des tumeurs ou à ralentir leur division.

    Cette hypothèse avait déjà été testée sur des souris, mais l'équipe de Jean-Paul Collet est la première à la vérifier chez des êtres humains. Pas moins de 10 000 résidents de la Saskatchewan ayant reçu un diagnostic de cancer colorectal, et 40 000 sujets témoins, ont été étudiés.

    Malgré leur découverte encourageante, les chercheurs ne recommandent pas l'utilisation d'antidépresseurs pour prévenir le cancer colorectal. Ces médicaments peuvent avoir des effets secondaires, et en prescrire à grande échelle serait certainement controversé, précise le Dr Collet.

    Mais de futurs travaux pourraient permettre de séparer les effets de ce traitement, de façon à ce qu’il puisse contrer la progression du cancer sans toutefois offrir d'effet antidépresseur.

    L'étude ouvre aussi la porte à d'autres hypothèses de recherche. «Nous aimerions savoir si les antidépresseurs peuvent prévenir le développement de métastases ou encore les rechutes chez les patients qui sont déjà atteints d’un cancer. Nous n’en sommes qu’au début.»


    source : CYBERSCIENCES

     

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