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    À quoi servaient les pistes de Nazca, ces spectaculaires figures géométriques tracées en plein milieu du désert péruvien?

    par Anne-Marie Simard



    En 1991, lors d’un voyage au Pérou, j’avais – comme des milliers de touristes – survolé la région de Nazca. Dans le petit Cessna branlant, la vue des gigantesques dessins ornant le désert m’avait fait oublier le mal des airs. Ils semblaient avoir été tracés par une main géante descendue du ciel.

    Le site a été classé Patrimoine mondial de l’UNESCO dans les années 1990. Pas étonnant : sur une surface de 450 km2, on peut admirer plus d’un millier de lignes droites et de figures diverses, dont une dizaine d’animaux géants.

    Les plus remarquables ? Un singe à la queue en spirale et un colibri dont les ailes déployées font plus de 60 m.Tracées au début de notre ère, pense-t-on, elles sont restées intactes, préservées par le climat sec et peu venteux. Les scientifiques se sont longtemps demandé comment les indigènes avaient pu produire ces figures aux proportions parfaites, visibles uniquement des airs. Jusqu’à ce que Joe Nickell, professeur à l’université du Kentucky, aux États-Unis, et sceptique convaincu, réussisse à redessiner le condor de Nazca avec les instruments de l’époque, sans aucune supervision aérienne. En se basant sur un dessin du volatile, il a calculé ses proportions puis les a reproduites dans un champ du Kentucky à l’aide de poteaux de bois attachés les uns aux autres par des cordes. Pour tracer une ligne droite, rien de plus simple: il suffit de creuser un sillon en suivant la corde. Pour un cercle, il suffit de rapprocher les poteaux.

    Une question subsiste : dans quel but avoir produit ces figures surdimensionnées ? Selon certains, elles auraient servi de point de repère aux caravanes qui traversaient le désert. Pour Maria Reiche, une mathématicienne allemande qui a consacré sa vie à l’étude des lignes de Nazca, il s’agissait d’un calendrier astronomique visant à assister les agriculteurs. Mais une découverte récente vient de balayer ces hypothèses.

    Giuseppe Orefici, un archéologue italien, s’intéresse à Cahuachi depuis 20 ans. Cahuachi, une ville ensevelie depuis près de 1 500 ans  était la capitale de Nazca. À force de persévérance, son équipe a réussi à déterrer partiellement une pyramide de 30 m de haut, qui serait entourée d’une quarantaine de bâtiments plus modestes.

    Dans la zone explorée, les archéologues ont retrouvé des momies et de nombreux artefacts, dont des fragments de poterie et des tissus décorés d’images mythologiques: hommes-félins, hommes-serpents, condors, etc. La similitude avec les dessins du désert est frappante. “Les tissus sont d’une grande finesse ; ce ne sont pas des vêtements de tous les jours”, expliquait Orefici lors d’une entrevue à la BBC. Fait rare : aucune arme n’a été retrouvée sur les lieux. Pour l’archéologue, le message est clair: “Les habitants de Cahuachi ne sont ni de simples citoyens, ni des soldats, mais des prêtres.” Plusieurs crânes ont aussi été déterrés. Souvent, ils sont percés au milieu du front et traversés d’une corde. Ce dispositif permettait peut-être de transporter ces reliques jusqu’à un lieu d’offrandes. La découverte sur le site d’un lama momifié appuie cette thèse.

    Cahuachi aurait donc été une sorte de ville sainte; un Vatican précolombien. Du haut de la pyramide, on peut voir la rivière Nazca qui descend des Andes et traverse le désert, avant de se jeter dans le Pacifique. Les historiens croient que l’on y tenait de grandes cérémonies pour implorer les dieux d’apporter la pluie et de favoriser les récoltes. À son apogée, cette ville aurait compté près de 5 000 personnes. Mais quel rôle jouaient précisément les lignes de Nazca ? “Il s’agissait peut-être de dessins que seuls les dieux pouvaient voir”, croit l’archéologue.

    L’analyse des cheveux et de l’émail des dents des momies retrouvées montre que ces individus étaient bien nourris et en bonne santé. Autour de la pyramide, des structures laissent deviner les traces de réseaux d’irrigation sophistiqués. Surplombant le désert, Cahuachi devait ressembler à un jardin dans lequel la nourriture abondait. Un paradis terrestre réservé à l’élite religieuse.

    Autour du VIIe siècle, un séisme puis une puissante inondation auraient détruit le grand temple.

     

    source : CYBERSCIENCES

     

     

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