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    — J’aimerais bien le voir ! 

    — Plus tard … Si tu es sage !  

    — Si j’avais autorisé quoi que ce soit, je m’en souviendrais ! 

    — Te souviens-tu de ta seconde vie comme vie différente ? 

    — Je me souviens parfaitement des choses que j’autorise et des choses que je n’autorise pas ! 

    — Et pourtant, ces écrits sont là, entre mes mains, et il est évident que personne ne sera allé les chercher … 

    — Qu’est-ce que vous insinuez ? 

    — Rien. 

    — Si. Vous insinuez que c’est de la merde. 

    — Ah bon ? C’en n’est pas ? 

    — Je ne les ai pas publiés, que je sache ! N’est-il pas de mon droit de vouloir écrire de la merde ? N’est-il pas de mon droit de m’exercer, de me cacher, de chercher ? 

    — Parfaitement. 

    — Alors ? Vous voyez ? Rien ne vous permet de me reprocher quoi que ce soit concernant ces écrits ! 

    — Quoi que ce soit, oui et non. 

    — Comment ça, oui et non ? 

    — Oui et non parce qu’avant d’avoir écrit cette merde, tu l’as pensée. Et là, ça me concerne. 

    — Ça vous concerne, mes pensées ? 

    — Plutôt deux fois qu’une, si j’en réfère au nombre de vies dont tu as disposé pour les modifier, ces pensées ! 

    — Penser, c’est plus grave qu’écrire ? 

    — C’est la même chose, ici. 

    — Vous tenez des enregistrements de pensées ? Des livres ? Des consignes ? Des journaux ? Des coffres ? 

    — Nul besoin de tout cela. Je te rappelle que le grand mur que tu as dans le dos contient toutes les archives de toutes tes pensées les plus rapides, évasives, inabouties et inexploitées. 

    — C’est ça, votre définition de l’inconscient ? 

    — C’est ça, une partie de l’inconscient. L’inconscient n’est qu’une immense poubelle que vous oubliez toujours de vider régulièrement. Résultat, quand vous arrivez ici, tous, votre poubelle est toujours pleine ! 

    — Et vous, vous n’avez rien de mieux à faire que de fouiller dans nos poubelles ? 

    — Fouiller ? 

    — Vous appelez ça, comment, vous, faire les poubelles ? 

    — Ah ah ! Fouiller ! Quel humour ! Tu crois que nous avons besoin de ça ? Nous avons des redoublants, pour ça ! Il faut bien que l’on vous occupe, les uns les autres, en attendant votre réincarnation ! 

    — Vous êtes en train de me dire que ce sont des gens d’en bas qui ont rangé mes …  

    — Poubelles. Tu peux le dire. 

    — Mes pensées. Désolé d’insister, mais je préfèrerais que l’on parle de pensées. Ou d’idées, si vous préférez. 

    — Ce sont même des gens qui te connaissent, en bas. Sinon, il n’y a pas d’intérêt. 

    — C’est … 

    — Oui ? 

    — C’est dégueulasse, ce procédé ! 

    — Que crois-tu que tu fais, toi, avec les poubelles des autres, quand ils dorment ? 

     

     

    [à suivre ICI pour Acte II article 6]

     

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    [article précédent ICI]

     

    — Tu crois donc encore que tu peux me cacher les vraies pensées de ton âme ? 

    — Cacher quoi ? Je ne cache rien ! Je n’ai rien à cacher, moi ! C’est vous qui jouez les mystères, les énigmes, les petits secrets et les grands silences, après tout ! Toujours masqué, toujours des phrases à mi mot, des reproches, ah, ça, les reproches, j’en a à la pelle, mais des explications, des réponses, des modes d’emploi, ça, je peux toujours courir, pas vrai ? Et après ça, c’est moi qui cache mes pensées ? C’est à mourir de rire ! Ou à mourir tout court, ouais ! C’est désespérant, un gars comme vous. C’est désespérant tellement qu’il n’y a pas le moindre espoir d’avoir une conversation productive et rentable ! 

    — Tu veux donc que je joue carte sur table ? 

    — Ben oui ! On avancerait peut-être plus vite ! Peut-être que pour vous, l’éternité paraît longue, mais pour moi, elle n’est encore qu’un truc inaccessible ! J’ai une vie à terminer, là-bas en bas, et ce n’est pas le moment de m’éterniser dans ce guet-apens ! 

    — Une vie à terminer ? Moi qui croyais que tu ne l’avais pas commencée … 

    — Oh, ça va, hein ! Ça va ! Vos sarcasmes, vous me les épargnez, d’accord ? 

    — Il ne s’agit pourtant pas de sarcasmes. 

    — Le ton n’est sans doute pas encore assez sarcastique à votre goût, peut-être ? 

    — Tes comportements seraient plus limpides, on en serait peut-être à parles du beau temps, qui sait ? 

    — … 

    — Je vais donc jouer les accusateurs, dorénavant, puisque telle est ton souhait : trente et un décembre 1994, ça te dit quoi ? 

    — Pas grand-chose. 

    — Menteur ! 

    — Prouvez-le, puisque vous accusez ! C’est si simple de se prétendre l’inquisiteur des pensées des autres ! 

    — Très simple. Suis-moi ! 

    — Où allons-nous ? 

    — Un des murs de cette pièce renferme les tiroirs accessibles de ta vie. 

    — Il n’y a pas beaucoup de tiroirs, sur votre mur ! Ah, ah ! C’est tout ce que vous avez réussi à emmagasiner sur moi, bandes d’espions ? 

    — Celui d’en face, lui, renferme les tiroirs inaccessibles de ton âme. Ton inconscient, si tu préfères. Je te laisse juge de la quantité démesurée de tiroirs qu’il a fallu créer pour tout contenir ! 

    — Evidemment … Si vous vous intéressez plus au monde des ombres qu’aux vies en pleine lumière, qu’est-ce que j’y peux, moi ? 

    — Nous avons dit trente et un décembre 1994 : Ephémérides tome I. 

    — Eh ! C’est à moi, ça ! Qui vous a permis de me piquer mes écrits ? 

    — Toi-même. 

    — Je n’ai jamais autorisé personne à me piquer mes écrits. 

    — Un des tiroirs du mur d’en face prétend pourtant exactement le contraire ! 

    — J’aimerais bien le voir ! 

     

     

    [à suivre ICI]

     

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    émoire se rappeler souvenirs réminescences oubli oublier passé

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    — De quelles dates te souviens-tu, alors ? 

    — Ben … Je ne sais pas … Un certain 15 avril, par exemple … 

    — Que s’est-il passé, durant ce certain 15 avril ? 

    — Mon premier grand chagrin d’amour. 

    — C’est un souvenir négatif, donc ? 

    — Négatif et nostalgique en même temps, car c’est la date qui symbolise complètement ce premier amour. 

    — Que s’est-il passé ? 

    — Ben … Rien. Voilà justement tout ce qui s’est passé : rien ! S’il s’était passé quelque chose, je n’aurais sans doute pas eu de chagrin, voyez-vous ? 

    — Pourquoi ne s’est-il rien passé ? 

    — Parce que j’ai été un peu long à réagir que c’était à moi de réagir ! 

    — En gros, tu n’as pas su dire ce que tu avais à dire, c’est ça ? 

    — J’ai essayé, mais j’y suis peut-être allé avec un peu trop d’hésitation, un peu à demi-mot … 

    — Quand on aime grandement, c’est une chose à éviter, les demis mots ! 

    — J’étais jeune, c’était la première fois … 

    — Va pour cet incident de jeunesse. Je n’en tiendrai pas compte pour la suite. Donne-moi donc d’autres dates qui t’ont marqué. 

    — D’autres dates ? 

    — Tu n’as pas d’autres dates qui t’ont paru importantes ? 

    — Ben … Comme ça, non … Je ne vois pas … 

    — Tu ne vois pas ? 

    — Non. A part ce 15 avril … Je ne sais pas, moi. La date de l’obtention de mon baccalauréat ? De mon permis de voiture ? Le jour de mes dix-huit ans ? Je ne sais pas, moi ! Ces événements ont été importants, mais les dates, par contre … Vous savez, je ne suis pas très « dates », moi. Déjà le jour de mon mariage, j’ai du mal à m’en rappeler, alors … 

    — C’est pas une date importante, ça, le jour de ton mariage ? 

    — C’est une date importante pour ma femme, mais pour moi, ce qui est important, c’est le mariage en lui-même. Après tout, la date, on s’en moque, non ? On aurait pu se marier une semaine avant, une semaine après … Qu’est-ce que ça aurait changé, après tout ? 

    — Pas de date marquante, donc ? 

    — Ah, si ! Une date pleine de bonheur : le jour de naissance de ma fille, le premier avril 2004 ! 

    — Content de constater que tu retrouves enfin tes esprits ! 

    — Je cherchais quelque chose de plus sombre … Vous m’auriez dit « une date pleine de joie », j’aurais tout de suite tilté, mais là … 

    — Quelque chose de plus sombre, disais-tu ? Quelle chose, par exemple ? 

    — Je ne sais pas ! Je ne vois pas ! Je n’ai peut-être pas eu une vie si triste, au final … 

    — Si triste, non ! Mais pour que d’emblée, tu t’orientes vers une date plus sombre, c’est que ton inconscient t’y a poussé : donc, réfléchissons un peu … Quelle date pourrait t’être mémorable ? Le jour de ton arrivée ici ? Ah ! Suis-je bête ! Voilà quelque chose que tu ignores complètement ! Quelle date, donc ? 

    — Je ne vois pas. 

    — Tu crois donc encore que tu peux me cacher les vraies pensées de ton âme ? 

     

     

    [à suivre ICI pour Acte II article 4]

      

     

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