• Avis à l'exterminateur des montagnes

     


    Eh ben bon dieu !
    C’est bien la peine d’arriver avec des 4x4 flamboyants et des combinaisons de spationautes, hein ! Regardez-moi un peu ça ! Regardez-moi un peu le pitin qu’ils vous laissent, là, sur le chemin ! Non mais, j’ t’y jure … A croire que sous prétexte qu’i’ sont parisiens, i’ croient que c’est nous qui y ramasse !
    Hein ? Comment tu dis ? Y ramassons ? Allez, va pour ramassons. Des ramassis d’ conneries, ouais, tu parles…
    T’t’ à l’heure, j’en ai surpris un qui ramassait des cailloux pour les lancer sur mes vaches ! Un p’tit merdeux, là, un p’tit prétentieux qui descendait du 4x4 de ses parents, tu te dis qu’i’ sort pour respirer le bon air qu’i’ z’ont pas à Paris, eh ben, non ! Non, monsieur ! Le p’tit, il regarde mes vaches, et on dirait qu’elles le font marrer, il regarde les cailloux, il en ramasse un et vlan, sur le cul d’la vache ! Vous auriez vu la gueulante que je l’y ai poussée … Qu’i’ s’estime heureux que j’avais pas ma fourche dans les mains, parce que je lui aurais botté l’cul, moi, il était pas prêt de s’rasseoir !
    Et pis l’autre, il est père de famille, il fait le beau avec sa coiffure de plastique et ses rides recollées, ses grandes chaussures toutes brillantes et ses grands pantalons qui n’ont même pas d’ poches, et allez, il s’avale un chewing-gum, et qu’est-ce qu’il fait ? Il jette le papier par terre ! Il doit croire que mes vaches, elles aiment le papier aluminium, faut croire que les sachets plastiques, les bidons d’essence vides, les bouteilles de plastique et les emballages transparents de leur jambon qui est tout rose, ça disparaît tout seul …
    Ah … Je les supporte plus ! Ils nous emmerdent, ces parigos, têtes de veaux !
    Hein ? Comment tu dis ? Parisiens ?
    Ouais, c’est ça. Parisiens, têtes de chiens.
    I’ viennent polluer nos montagnes, acheter nos terrains pour y construire des chalets où ils viennent une fois par an et ils nous donnent encore des leçons de civisme quand on les croise sur la route !
    Bah …

    Vous savez ce que je pense, moi ? Le parisien, c’est un exterminateur. Un exterminateur qui a une grosse tête bien creuse et qui croit qu’elle est bien pleine rien que parce qu’il habite à Paris et que c’est à Paris que soi-disant, tout se passe et se décide !
    Mais faut pas s’ leurrer : moi, mon fromage, celui qui décide de ce comment je dois le faire, il est pas né ! Ici, on est libre ! Oui, monsieur : LIBRE !
    Le Mont-Blanc, regardez : ça fait des dizaines d’années qu’il attire des petits pédants qui croient pouvoir y monter en espadrilles ! L’hélicoptère, ils le sortent bientôt dix fois par jour pour aller secourir ces petits merdeux ! Qu’on les laisse où i’ sont, oui ! Qu’on les laisse se geler les couilles au fond de leur crevasse ! Vous vous rendez compte de ce que ça coûte, ça, à des gars comme moi ? Moi, quand j’ai une vache qui tombe malade, y’a pas une subvention pour m’aider ! Et eux, ils montent sur les glaciers avec des tongs, et ils vous collent encore un procès au cul parce que vous avez pas réchauffé le glacier !

    Des p’tits cons.

    De toute façon, je suis un associal, moi. Je n’aime pas les gens et je n’ai aucune illusion quant à l’avenir de l’homme sur cette terre. La nature, il faut la respecter, monsieur ! la nature, elle donne sa chance à la moindre petite graine, et l’homme, à côté de ça, qu’est-ce qu’il fait ? Il coupe les arbres, il abat des forêts entières, il piétine les fleurs et épingle les papillons, écrase les plantes vertueuses et crache dans mon abreuvoir. La nature, elle fertilise la plaine, elle vous fournit la bonne terre si précieuse aux bons légumes, et qu’est-ce qu’il fait, l’homme ? Il rase, il détruit, il massacre et il édifie, il exploite et il pollue, et quand il a fini et que tout est bien ravagé, eh ben, il part le faire ailleurs !
    Saloperie de parisien exterminateur !
    Comment ? Il n’y a pas besoin d’être parisien pour polluer la planète ? Vous êtes parigo ou quoi ? C’est quoi cette quémande, là ? Tu es un p’tit rigolo, toi, ou quoi ?
    Parisiens, rien que des vauriens. C’est comme ça. Et puis c’est tout.
    La nature, elle vous donne les plus beaux paysages que vous pouvez trouver sur cette terre : regardez-moi un peu ces montagnes ! C’est pas beau, ça ? Ecoutez-moi un peu ce silence, ce calme, le tintillement paisible des clochettes de mon troupeau … Le soir, vous vous assoyez là, sur la souche du vieux chêne, avec un quignon de pain, un morceau de fromage et du saucisson, un petit litron pour faire glisser l’ tout : hop, vous avez la fin de journée la plus heureuse du monde !
    Vous croyez pas au bon dieu, par ici ?

    Franchement ? Vous croyez pas au bon dieu ?
    Moi, j’y crois tous les soirs, et tous les soirs, je me demande pourquoi il est allé mettre un être humain dans un endroit pareil.

    Vous savez quoi ? Je pense que le bon dieu devait être parisien. A une époque à laquelle le parisien devait être quelqu’un de bien.
    Bien sûr, ça remonte à bien longtemps, personne ne s’en souvient … Mais franchement, je ne vois pas d’autre explication. Le bon dieu, il est parisien.


     

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  • Commentaires

    1
    visiteur_L.A. Travia
    Samedi 5 Janvier 2008 à 00:52
    je n'aime pas non plus les montagnes : je suis parigo !

    Zobi, bonne ann?l'?ivain, tu as du talent :)
    2
    visiteur_bregman
    Samedi 5 Janvier 2008 à 23:10
    ?change du commentaire de tout ?'heure ;) lol
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