• 1. L'autoédition, c'est quoi ?

    Lorsqu’un éditeur décide de publier un manuscrit, il lui est donné la possibilité de proposer à l’auteur deux types de contrat très différents :

    • le contrat d’édition à compte d’éditeur, où l’éditeur se comporte comme un véritable producteur littéraire en proposant ce qu’on appelle un à-valoir (acompte délivré à l’auteur à la signature du contrat) et en assumant pleinement la part de risques liée aux dépenses nécessaires destinées à fabriquer et commercialiser le livre,
    • ou le contrat d’édition à compte d’auteur, où l’auteur est alors plus ou moins clairement invité à participer aux frais de l’éditeur (avec souvent de nombreux abus recensés, pouvant aller jusqu’à l’escroquerie pure et simple avec disparition de l’éditeur dans la nature), et que les anglais appellent « Vanity Press » (une forme d’édition qui profite de la vanité des auteurs)
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    CC0 Public Domain, source Pixabay

     

    L’auto-édition, souvent confondue à tort avec l’édition à compte d’auteur, constitue pour un auteur une troisième manière de publier un ouvrage, en lui permettant alors d’endosser lui-même le costume d’éditeur.

    Ainsi, pour la plupart des gens aujourd’hui, malheureusement, un auteur auto-édité, c’est un auteur qui a décidé de publier son livre tout seul sans rien demander à personne… et l’histoire s’arrête là.

    Mais de la même manière que l’on différencie les bons éditeurs des mauvais en s’intéressant à ce qu’ils sont capables d’effectuer en plus du travail de publication, un auteur auto-édité n’est pas simplement un auteur auto-publié (son travail ne s’arrête pas à la publication).

     

    Un auteur auto-édité n’est pas un auteur auto-publié.

     

    En effet, un vrai travail d’auto-édition consiste a minima à :

    • écrire le livre (casquette d’auteur),
    • le (faire) relire et le (faire) corriger (travail préalable d’édition),
    • le publier (auto-publication),
    • s’activer à le faire connaître (promotion),
    • le mettre en vente (commercialisation),
    • assurer son acheminement jusqu’aux lecteurs (distribution),
    • puis écrire d’autres livres !

     

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    CC0 Public Domain, source Pixabay
     

    2. Les maisons d'édition sont-elles vraiment parfaites ?

    Auparavant, toute maison d’édition sérieuse avait recours à trois correcteurs différents pour un seul manuscrit.

    Pour des raisons sans doute liées aux coûts que cela implique, cette précaution ne semble plus forcément être respectée. Des coquilles (pour utiliser un terme plein de diplomatie) se glissent en effet de plus en plus fréquemment parmi les nouveaux livres publiés.

    La version numérique du prix Goncourt 2011 (le roman d’Alexis Jenni, L’Art français de la guerre, publié par Gallimard) avait été publiée avec une bonne dizaine de « coquilles »… qui avaient été corrigées par les pirates eux-mêmes. (Inutile de relire cette dernière phrase, vous avez bien lu.) Par ailleurs, bon nombre d’entre elles, et notamment des fautes de conjugaison qui ne relèvent aucunement de l’emploi du subjonctif imparfait qui tend à devenir un peu obsolète, par exemple, figuraient également dans la version papier. J’imagine que de nombreux lecteurs se sont probablement étouffés en lisant des phrases comme « ils se rinçèrent la bouche de vin », « nous nous efforçions de vivre moins », « comment nous plaçerons-nous » (effectivement, c’est une question que peuvent se poser ces correcteurs qui avaient manifestement un problème avec la cédille), ou « à l’extrémité des ligne de transport » (oups, il manque un s), « ils mangaient des nouilles » (mais oui, bien sûr, mais estimons-nous heureux, on a échappé au pire si la coquille s’était glissée dans les nouilles), « tu ne va pas t’y mettre aussi » (à l’orthographe ?), « quand tout ceux qui ont vu » (je vois bien, oui !), « tu tourne le dos » (et moi je tourne de l’œil !)…

    Oui, je sais, ça fait mal. Le mythe éditorial en prend un coup. Mais je ne pouvais pas ne pas mentionner cette anecdote incroyable, qui permettra de réfléchir au degré d’exigence que l’on voudrait imposer aux auteurs auto-édités. Car c’est évidemment sur cette brèche de la qualité orthotypographique que se bâtissent les meilleures argumentations, puisque oui, désormais, grâce à l’auto-édition, tout le monde sans exception peut effectivement publier (rendre public), n’importe quoi et n’importe comment, et ce d’autant plus facilement grâce à l’extrême rapidité des nouveaux moyens de publication numérique.

     

    Tout le monde peut désormais publier tout et n’importe quoi. Oui.

     

    L’auteur qui effectue le « choix » de l’auto-édition (est-ce vraiment un choix, le livre conseil autoédition "L'autoédition pourquoi comment pour qui", de Charlie Bregman, basé sur une enquête auprès de 130 auteurs autoédités francophones, y répondra plus loin) prend donc le risque de faire passer ses ouvrages à l’arrière plan d’une audace qui sera généralement assimilée, dans le meilleur des cas, à de l’inconscience, ou alors, ce qui est probablement pire, à une formidable démonstration d’impertinence. Car dans l’esprit collectif aujourd’hui, s’auto-éditer, ce n’est ni plus ni moins qu’un moyen de s’autoproclamer auteur.

    Mais derrière les préjugés faciles, les généralités désastreuses et les caricatures grossières, je pense qu’il est temps d’élargir le débat à une prise en considération un peu plus juste d’un certain nombre d’auteurs plus sérieux, qui ont probablement toute leur place dans le monde des livres, et qui peuvent d’ores et déjà se féliciter d’avoir conquis un lectorat bien au-delà du cercle restreint de leur entourage.

    Vous souhaitez savoir pourquoi et comment l'auto-édition peut néanmoins être une opportunité pour les auteurs ?

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    Plus qu'une enquête, ce livre aborde tous les points que vous devez connaître pour vous lancer ou vous perfectionner dans l'auto-édition.
    C'est un livre de conseils, basé sur une enquête réalisée auprès de 130 auteurs francophones pratiquant l'auto-édition depuis plus d'un an.
     
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    2 commentaires
  • person-110303_1280
    CC0 Public Domain Pixabay


    Pour fêter mon quarante-et-unième anniversaire à la fin de la semaine, j'ai décidé de me faire un cadeau.
    Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais quand on devient vieux, on devient généralement un peu égoïste et capricieux.
    Bon, ok, je pense plutôt au 3ème âge – voire même au 4ème, quand on se prépare à passer du côté de la 5ème dimension – mais toujours est-il que cela ressemble un processus naturel.
    On redevient un peu enfant d'une certaine manière, avec une certaine délectation à regoûter au parfum d'une certaine innocence plus ou moins visible sous forme d'écume au coin des lèvres, même si cela n'est pas forcément vu d'un très bon œil par celles et ceux qui nous entourent et nous "supportent" (soudainement avec un tout nouveau sens donné à ce mot).

    À 40 ans, putain, qu'est-ce qu'on se sent vieux !!
    Oui, je sais, beaucoup d'entre vous me diront "Ta gueule Bregman, moi, j'aimerais bien les avoir encore, mes 40 ans !", mais il n'empêche qu'on a beau avoir la probabilité d'une vie encore devant soi, on sait que l'on n'est plus si invincible que ça, que tout peut très vite basculer, comme cela a déjà été le cas plusieurs fois autour de soi.
    Ce n'est pas qu'on virerait hypocondriaque à tous les coups, mais un petit peu quand même. Il faut reconnaître que des petites douleurs qui n'existaient pas ont fait leur apparition, on ne digère plus comme avant, on ne récupère plus aussi facilement, on perd la mémoire, on perd ses dents…
    (Certes, vous connaissez mon goût pour l'exagération…)

    À 40 ans, si cela n'a pas été fait avant, il est grand temps de prendre des résolutions.
    On doit choisir entre abdication et persévérance, entre résignation et irrévérence, entre pérennisation et concupiscence.

    Pas de chance, j'adore ce dernier mot.
    C'est beau, non, "concupiscence" ?

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    CC0 Public Domain Pixabay


    On peut donc décider de se ranger du côté de la fatalité pour renoncer à l'effervescence (encore un très joli mot), et léguer le reste de sa vie à l'abnégation (même si elle doit nourrir des causes qui détruisent le monde qui nous est prêté par les générations à venir) plutôt qu'à la bienveillance de ce qui nous est cher.

    À chacun de choisir sa propre rime.

    « Que le spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime... Quelle sera votre rime ? »
    Le Cercle des poètes disparus, Peter Weir, 1989.


    Difficile ?
    Permettez-moi ce petit placement de valeur :
    L'essentiel est de laisser parler son cœur plutôt que sa raison.

     

    vivement l'amour-couv

    Alors puisque je ne me sens pas encore l'âge d'être raisonnable, aujourd'hui, du haut de mes 40 piges, le scribouillard que je suis en a marre de vivre sa vie au brouillon.
    Aux yeux de certains, je devrais plutôt songer à tourner la page de certains idéaux et redevenir fourmi parmi la fourmilière, car à rêver tout haut, l'on prend toujours le risque d'y laisser quelques plumes, c'est ça ?

    « M'en fous ! »
    J'ai encore 40 ans pendant deux jours, c'est l'été, c'est les vacances, j'en profite !
    Je suis un sale gosse, c'est certain… Mais je suis peut-être aussi un père de famille, responsable de la transmission de valeurs sans lesquelles le long voyage de la vie ne vaut pas le déplacement, bordel !
    Je ne suis pas le seul à constater que le monde part en couilles, non ? Alors éteignez vos télés, arrêtez de vous abreuver de crise et de doutes, et de pessimisme et de peurs, reprenez conscience de votre potentiel, de ce que vous avez dans les tripes, de ce que vous êtes le ou la seul(e) de pouvoir partager avec les autres, et pour ça, commencez d'abord par retrouver votre sourire !

    Non, sérieusement, c'est pas que vous tirez la tronche tout le temps, mais entre nous, combien de minutes passez-vous chaque jour à éprouver du bonheur qui se voit jusqu'à sur votre visage ?
    C'est essentiel, le sourire, non ?
    Vous savez ce que je pense ?
    Un visage qui ne sourit plus, c'est une âme qui a baissé les bras.

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    CC0 Public Domain Pixabay


    Moi, je veux voir des âmes qui bougent, des énergies qui se manifestent, des talents qui se remuent et qui se regroupent, des rêveries individuelles qui deviennent des rêves collectifs.
    Je veux voir des vies meilleures qui contribuent à rendre ce monde meilleur.


    Qui changera le monde sinon celle ou celui qui y apportera son propre souffle ?


    Se glorifier le nombril ne changera jamais rien. Allez voir quelques photos de notre planète vue de l'espace et essayez de vous repérer sur la photo. C'est frustrant, hein ? Eh bien c'est comme ça ! Vous aurez beau chercher, vous ne vous y verrez pas !
    En fait, il n'y a que ce que nous décidons de faire ENSEMBLE qui est grand.
    Jamais ce que nous faisons individuellement.

    Malgré tout, chacun de nos choix a sa part d'influence sur la vie et le bonheur des autres.
    Alors si l'on faisait les bons choix, plutôt que les mauvais ?
    Si on décidait, ici et maintenant, de ne pas laisser les autres décider à notre place de ce que nous devons faire, de comment l'on doit vivre, ce que l'on doit penser, ce que l'on doit dire ?

    Je crois qu'on parle de liberté. Mais la liberté ne s'éprouve bien qu'avec le sourire, non ?

    Alors si l'on s'en faisait un objectif, de retrouver ce sourire ?

    Sur ce blog d'auteurs indépendants, aujourd'hui, j'ai envie de mettre en avant un livre que je connais particulièrement bien.
    Normal : c'est moi qui l'ai écrit.

    Vous vous demandez peut-être quel roman lire en ce moment ? Choisir un roman, ce n'est pas facile. Un roman à lire en vacances, c'est toute une mission, pas vrai ?
    Dans votre sélection "romans vacances", qu'il s'agisse de livres à glisser dans votre valise ou d'ebooks à télécharger sur votre liseuse, privilégiez avant tout ceux qui vont vous FAIRE DU BIEN !

     

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    Je ne sais pas comment je me suis débrouillé pour qu'un roman avec d'aussi bons retours ne se vende pas plus que ça, mais visiblement, je m'y suis pris très mal.
    Enfin si, en toute confidence, je crois surtout qu'il y avait un réel conflit de valeurs en moi, entre vouloir le succès de ce livre et redouter de devoir le promouvoir en public.
    Peut-être que cette explication peut vous paraître inappropriée, mais je reste persuadé, au contraire, que lorsque quelque chose en vous ne souhaite pas votre réussite, vous NE pouvez PAS réussir.
    Enfin bref, ce n'est pas le sujet du jour, et j'aurai d'autres occasions d'en reparler…

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    "Vivement l'amour", c'est l'histoire d'une longue aventure :
    * Un premier jet entièrement publié sur un blog en 2006 et 2007, avec plus de 100.000 visiteurs en 2007
    * Plus de 1000 environ la première année, alors qu'en France (ça, j'aime bien le répéter, ceux qui me suivent l'auront remarqué ?), un premier roman s'écoule à 700 exemplaires en moyenne, avec 50% de probabilités d'en écouler moins de 300)
    * Des retours ultra enthousiastes (ne vous méprenez pas, je n'en tire aucune supériorité : simplement un grand bonheur !)
    * Bientôt 1500 exemplaires écoulés… et je l'espère beaucoup plus grâce à la promotion surréaliste que j'ai mise en place pour les vacances sur le format numérique (0,99 €, vous avez bien lu !!)

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    Vous avez hâte de vous procurer ce grand moment d'évasion ?

    3 possibilités d'offrent à vous :
     
    1. Format numérique Kindle ou ePub :
     
    2. Format brochée 2014, avec interview bonus :
     
    3. Seconde édition LIMITÉE et DÉDICACÉE,
    format broché Copymedia 2011,
    avec 40 chapitres au lieu de 39 :
     
    Vous ne saviez pas encore comment vous détendre pendant les vacances ?
    Désormais, c'est chose faite : à VOUS de passer à l' ACTION ;-)

     
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    Vivement L'amour !
    Comme Neuf *
    Charlie Bregman
    1989. Charlie, 15 ans, est un garçon timide et complexé qui n'a qu'un seul objectif : conquérir la belle, intelligente et ultra convoitée Marina, qui ne voit en lui qu'un simple et inoffensif...
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    1 commentaire
  • couv presse jesuischarlie

    C'est en voulant poster mes vœux professionnels sur mon profil perso que j'ai appris l'événement tragique d'hier.

    Un journal comme Charlie Hebdo est pour moi le symbole d'une vraie démocratie.

    Charlie survie

    Parmi les 12 victimes des attentats perpétrés contre ce journal satirique, Charb, Cabu, Wolinski, Tignous et Honoré étaient des célébrités du dessin de presse. Des lanceurs d'alerte, à leur manière.
    Ils n'étaient pas racistes, pas antisémites… Simplement les thermomètres de notre civilisation, les baromètres de notre actualité. Ils se sont moqués de toutes les religions sans exception, des personnalités politiques, des comportements humains les plus lâches aux ambitions les plus viles, et des esprits les plus endoctrinés aux plus idéalistes.
    C'est grâce à des caricaturistes de leur trempe que notre monde civilisé a ses garde-fous. C'est grâce à ce genre de regards libres sur le monde que la folie des hommes peut parfois être canalisée avant qu'il ne soit trop tard.

    Aujourd'hui, je suis sidéré de constater que c'est malheureusement une des pires manifestations de cette folie qui est venue à bout de leurs armes de papier.

    satire

    Personne ne semblait plus s'offusquer du fait que ces icônes de la satire étaient forcés d'exercer leur travail sous protection policière depuis des années.
    La démocratie était déjà sérieusement menacée, mais c'était plus facile de céder à la lâcheté de fermer les yeux plutôt que d'avoir le courage de parler de ce tabou.
    Hier, cette menace est hélas passée à exécution, et cette exécution est devenue une réalité.

    De cette réalité, de cette volonté des terroristes de mettre à genou les valeurs fondamentales de notre nation et d'ainsi diviser notre communauté pour mieux s'imposer, un peuple s'est mis debout. Unifié et soutenu par d'autres peuples du monde entier, avec parmi eux des gens de religions et coutumes diverses.

    Je remercie au passage les musulmans avec qui je suis en contact, du Maroc, de Tunisie, du Liban, de Suisse, ou tout simplement de notre pays, d'avoir tenu à témoigner leur soutien à Charlie Hebdo, et donc à l'idée commune que nous nous faisons d'un monde civilisé et de la démocratie. Je sais que pour certains d'entre eux, les caricatures de Mahomet ont été perçues comme un manque de respect envers leurs croyances. Une provocation envers leur sens du sacré. Mais tous ont voulu réaffirmer que leur religion était une religion de paix, et non cette réappropriation fanatique que cherchent à imposer des groupes auxquels ils ne souhaitent pas être confondus.

    Tous ont senti faiblir les libertés individuelles défendues par la démocratie.

    mourir debout

    Aucune démocratie n'est possible sans liberté d'expression.
    Aucune démocratie n'est possible non plus sans tolérance.
    Aucune démocratie n'est possible là où l'humour est scrupuleusement passé au tamis de la censure.
    D'ailleurs, je suis persuadé que l'humour est la forme la plus intelligente pour établir des ponts entre les cultures. Là où deux personnes aux idées et croyances différentes sourient ensemble, il y a le début d'une tolérance. Le germe d'un dialogue possible.
    Et donc une civilisation envisageable.

    liberté d'expression

    À cause de la morosité actuelle, dûe à la crise qui s'intensifie depuis 2008, certains esprits, qui semblent manifestement avoir oublié dans quelles circonstances notre monde a basculé dans l'horreur en 1939, cèderont à la facilité de mettre "tout le monde dans le même sac".
    La désignation d'une communauté dans son ensemble, comme bouc émissaire, n'est pas un acte d'intelligence, mais une paresse d'esprit. Une manifestation sordide de la bêtise.

    Il y a 80 ans, les juifs avaient été tenus pour responsables de la crise.
    Aujourd'hui, certains voudraient que les musulmans soient tenus pour responsables du terrorisme.
    À ces personnes, j'aimerais poser une question : vous sentiriez-vous prêt à collaborer à un nouveau crime contre l'Humanité tout simplement parce que c'est plus facile de céder aux généralisations que d'essayer de construire un monde meilleur avec les autres ?

    étoile jaune

    Oui, nous devons combattre le terrorisme.
    Oui, nous avons désormais tous un ennemi commun.
    Une troisième guerre mondiale a commencé, avec un ennemi qui grignote chaque jour un peu plus de terrain, en silence, en cachette, insidieusement afin de surgir à n'importe quel moment et n'importe où. Les cibles des terroristes sont connues : des personnalités emblématiques de notre civilisation (les attentats d'hier l'ont démontré), des bâtiments à fort caractère symbolique (on peut penser au Panthéon, aux sièges de nos chaînes télévisées…), et des endroits à fort potentiel de victimes possibles (transports, manifestations, concerts, rassemblements religieux…)

    Malgré la gravité de la tragédie que représente l'attentat d'hier contre les membres de la rédaction de Charlie Hebdo, je crois que nous tenons néanmoins une opportunité de rassembler enfin les Français, au delà de leurs diverses croyances et origines, autour d'un vrai projet de nation bâti sur les valeurs de démocratie, de liberté d'expression et de tolérance.
    J'espère que le gouvernement actuel, qui semble tellement souffrir d'ambition, de charisme et de pouvoir fédérateur, saura saisir cette opportunité de redonner à la France sa volonté d'affirmer son unité, ainsi que son aura internationale héritée du siècle des Lumières.

    La France doit rester la nation de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

    constitution des droits de l'homme

    libertéLIBERTÉ, comme liberté d'expression, liberté de croyance, liberté de traditions, et liberté d'épanouissement personnel.
    Non, nous n'avons pas à nous taire ! Chacun a le droit d'exprimer ses opinions, de défendre ses idées et de laisser libre cours à sa créativité. Nous n'avons pas à nous conformer à un système de croyances commun. Nous n'avons pas non plus à avoir honte de nos crèches ou à faire modifier l'intitulé de nos vacances scolaires pour que Noël, Pâques et la Toussaint disparaissent tout doucement du dictionnaire !

    Non, nous n'avons pas à être les esclaves de multinationales qui font de nos vies entières de cotisations les moyens de s'approprier la quasi-totalité des richesses du globe !
    Non, nous n'avons pas à léguer nos existences aux impératifs de croissance économique, de surproduction et de surconsommation !
    Non, nous n'avons pas à nous fuir nous-mêmes durant toute la vie pour nous apercevoir trop tard que nous n'avons pas su livrer aux autres notre meilleure partie de nous-même ! L'épanouissement personnel est la seule voie possible vers l'élaboration d'un monde meilleur. Aucun progrès social n'est possible sans que les individus bénéficient d'un temps libre et d'une liberté de pensée.
    Non, le travail ne doit pas demeurer une fin en soi ! Le travail est un devoir collectif d'amélioration des conditions de vie pour tous.
    Etc., etc., etc. (à vous de compléter, corriger ou nuancer).

    égalitéÉGALITÉ comme égalité des chances, égalité des droits et égalité des devoirs.
    Non, les habitants des contrées les plus reculées ne doivent pas être exclues de l'Éducation !
    Non, ce n'est pas normal d'entrer au collège sans savoir lire !
    Non, ce n'est pas normal de rémunérer différemment une femme et un homme pour un travail identique !
    Non, les banques ne doivent pas prêter qu'aux riches !
    Non, la classe moyenne ne doit pas payer les impôts que les milliardaires ne payent pas !
    Non, les petites entreprises ne doivent pas être saignées à vif alors que les grandes multinationales s'exilent dans des paradis fiscaux !
    Non, les femmes ne doivent pas se soumettre aux idéologies et aux volontés des hommes !
    Non, les parents qui manquent à leur devoir éducatif ne doivent pas continuer à percevoir des allocations en toute impunité !
    Non, il faut cesser de dire qu'il n'y a pas de travail ! L'argent et le travail ne sont pas des synonymes. Donner de l'argent à un sans-emploi pour qu'il puisse survivre et remettre le pied à l'étrier est une excellente chose, mais le conforter indéfiniment dans une situation d'isolement par rapport aux autres revient tout bonnement à acheter le silence de ses souffrances. Aucune estime de soi n'est possible lorsque l'on n'a pas de rôle social clairement défini. Aider son prochain, c'est lui redonner une place dans la société.
    Non, la planète ne nous appartient pas ! Elle nous est prêtée par nos enfants. Nous ne pouvons pas continuer à la détruire aveuglément au mépris de la diversité animale, végétale et climatique.
    Non, nous ne pouvons pas laisser libre cours à la barbarie contre les animaux ! Nous ne pouvons pas nous positionner en l'espèce responsable de ce monde sans évoquer de crime contre le monde animal.
    Non, nous ne pouvons pas laisser des multinationales déposer des brevets sur les semences du patrimoine alimentaire mondial !
    Non, nous n'avons pas le devoir de cautionner des décisions fondamentales pour lesquelles nous n'avons pas été consultés ! En Suisse, la population a le devoir de se prononcer régulièrement au sujet des grandes décisions politiques. Une vraie démocratie n'est pas un état dans lequel des élus enivrés par leur soif d'intérêts et pouvoirs personnels décident en toute impunité des lois qu'ils feront appliquer à ceux qu'ils sont censés représenter.
    Etc., etc., etc.

    fraterniteFRATERNITÉ comme tolérance entre les peuples, soutien aux plus démunis et à ceux qui ont faim, respect de nos aînés, de nos enfants et de tous ceux qui sont différents.
    Non, les religions ne s'opposent pas ! Elles défendent toutes la paix, la tolérance et l'amour de son prochain. Ce sont ces valeurs, auxquelles il faut adhérer, et non à des doctrines qui ont toujours été manipulées par les hommes eux-mêmes.
    Non, les diversités culturelles ne doivent pas disparaître ! On ne s'enrichit jamais de nos similitudes, mais toujours de nos différences. Nous avons tout à gagner de nos échanges. La richesse naît de la diversité. Jamais du nivellement.
    Non, il ne faut pas grillager les bancs des espaces publics pour empêcher les SDF de s'y "loger" !
    Non, ce n'est pas normal qu'à notre époque des gens meurent de faim dans notre pays et partout dans le monde alors que chaque jour nous détruisons des excédents alimentaires qui n'ont pas été vendus !
    Non, le continent africain ne doit pas devenir la poubelle des déchets de notre société de surconsommation !
    Non, nous ne pouvons pas doubler une vieille dame dans les escaliers sans l'aider à monter ses courses ! Nous ne pouvons pas plus croiser sans cesse les mêmes personnes sans jamais répondre à leur bonjour ni leur adresser le moindre sourire !
    Non, nous ne pouvons pas permettre à nos enfants de s'épanouir dans la vie en leur demandant sans cesse de se taire !
    Etc., etc., etc.

    tours charlie

    En fait, tout ce déballage de révolte personnelle n'est peut-être que maladresse inutile, mais il n'empêche que ce 7 janvier 2015 est une bien triste date pour nous tous : le constat d'une civilisation en perdition, qui laisse se consumer petit à petit ses biens les plus précieux parce que tout évolue trop vite.

    Charlie Hebdo était et restera le symbole de la liberté d'expression dans notre pays.
    Sans cette liberté d'expression individuelle, aucun projet collectif n'est possible.
    Alors puissent les Français rester debout et unis pour décider de la suite de l'Histoire.

    Pour ma part, j'ai exprimé ce que j'avais à dire, et je suis dans le même état d'esprit que lorsque j'ai appris la mort de Coluche en 86.
    J'avais douze ans, mais j'avais compris que c'était un drame.
    Sans celles et ceux qui savent rire de tout, on se sent comme face à une humanité en train de faire naufrage.
    Alors ne baissons pas les armes de nos convictions, et ne cédons pas à la tentation de reproduire les mêmes erreurs que dans le passé.


    Et au fait :
    JE SUIS CHARLIE.

     

    charlie-zep

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