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Entre Pandore et Pantagruel
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En bas, la documentaliste et ses secrétaires piaillaient à n’en plus finir. « Vos gueules, les mouettes ! » murmurai-je du bout des lèvres. Relevant soudain la tête vers l’individu avec qui je partageais la table d’étude, haut et fort, je fis :<o:p></o:p>
— Faut-il leur lancer des graines, pour qu’elles se taisent ?<o:p></o:p>
Mais un pigeon, aussi obèse qu’un poulet de Bresse sur le point d’être sacrifié, fit un vol plané au-dessus de moi et me jeta une fiente jaunâtre qui tomba pile poil au beau milieu de la grande page de l’encyclopédie que j’étais venu consulter. Je me penchai, dégoûté, vers ce liquide encore chaud, qui semblait déjà ne former plus qu’un avec le papier pourtant glacé de l’œuvre sacrée : entre Pandore et Pantagruel, la fiente avait constitué son îlot. Présentant des couleurs chatoyantes allant du vert au jaune, en passant par l’orange, le rouge, le gris et le blanc, l’œuvre pigeonnesque semblait vouloir imposer la culture picturale des volatiles à la collection abyssale des noms des personnages sans doute jugés trop futiles.<o:p></o:p>
Je levai la tête, redoutant soudain un second tir.<o:p></o:p>
L’oiseau, fier et serein, juché sur une des fermes métalliques qui supportaient la toiture de l’édifice public, semblait observer ma réaction d’un œil rond et attentif.<o:p></o:p>
En bas, la documentaliste et ses secrétaires battaient déjà de l’aile en becquetant les miettes restantes des lycéens qui ne pouvaient s’empêcher d’ingurgiter des sucreries en effectuant leurs recherches culturelles. Partout autour de moi, les poules, les oies, les canards, les corbeaux, les mouettes et les cormorans piaillaient en se saisissant des ouvrages comme de morceaux de pain dur. Tandis que les pages les mieux écrites de la bibliothèque volaient de toute part comme les morceaux de plume d’un oreiller, je décidais de refermer cette encyclopédie souillée, et de revenir un autre jour plus propice au calme et à l’étude. Mais, au lieu de tendre les mains vers l’ouvrage en question, mes ailes claquèrent comme des os que l’on écartèle, et je tombai tout raide sur le côté.<o:p></o:p>
Tombé du lit et réveillé en sursaut, j’eus du mal à croire qu’une mouette ne m’avait pas réellement poussé.<o:p></o:p>
Terriblement persécuté et acharné à la retrouver, je fis le tour de l’appartement quatre ou cinq fois, avant de boire un grand verre de lait froid, qui sembla enfin me remettre les idées en place.<o:p></o:p>
Mais c’est au moment où je reposais le verre que tout bascula à nouveau.<o:p></o:p>
Une grosse vache, debout, en train de faire la vaisselle à mon évier, se mit à meugler qu’il n’était plus question que je mange le moindre steak en sa présence.<o:p></o:p>
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LES IMPATIENCES AMOUREUSES - LE BLOG !
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