• La Saint Valentin pour les Nuls

     

    J’ai préparé la table comme si j’allais recevoir ma mère. J’ai mis les deux assiettes creuses, les fourchettes et les couteaux, les deux verres et la bouteille d’eau ouverte de ce matin, j’ai sorti deux serviettes de table à petits carreaux rouges et blancs, et puis aussi la bouteille de vin que mon père m’a offerte à Noël.<o:p></o:p>

    J’ai fait bouillir l’eau dans la casserole, comme c’est marqué sur le paquet. Mais je ne l’ai pas relu, parce que j’ai l’habitude de faire des pâtes, à mon âge ! J’ai sorti une autre casserole, plus petite, et j’y ai versé la sauce toute prête. J’ai rajouté un peu de sel. C’est ma petite touche personnelle.<o:p></o:p>

    Elle, elle est arrivée pile poil à l’heure. Dix-neuf heures.<o:p></o:p>

    Je venais de verser les pâtes dans l’eau frémissante.<o:p></o:p>

    Tant mieux. Elles seront al dente, et je marquerai un bon point, à coup sûr, car elle est italienne, et on ne badine pas à propos des pâtes, avec les italiennes.<o:p></o:p>

     

    Des pâtes, des pâtes, oui, mais à l’italienne !

     

    Elle a enlevé sa veste, et ça a senti le parfum.<o:p></o:p>

    — C’est quoi ? j’ai demandé.<o:p></o:p>

    — Du parfum ! Un truc que les nanas aiment bien mettre. Certains mecs devraient en prendre de la graine, d’ailleurs. Ce genre de truc existe aussi dans des versions plus masculines !<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Je lui ai proposé de s’installer, car le dîner allait bientôt être prêt.<o:p></o:p>

    — On ne boit pas un apéro, avant ? elle m’a demandé.<o:p></o:p>

    Elle a l’air étonnée.<o:p></o:p>

    — Mince ! je m’exclame. J’ai oublié !<o:p></o:p>

    Ce n’est pas prévu dans mon planning, l’apéro. Si on boit un apéritif, les pâtes ne seront plus al dente, donc j’esquive. On prendra plutôt une tisane à la fin du repas. C’est pareil. Ce qui compte, c’est de passer une bonne soirée !<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Je porte un échantillon de pâte à la bouche, discrètement. Aïe ! J’ai oublié de mettre du sel dans l’eau ! Vite ! Je vais en mettre avant de les égoutter !<o:p></o:p>

    — Tu as faim ? j’ai demandé, pour meubler.<o:p></o:p>

    — Je n’attends bien évidemment la Saint Valentin que pour me remplir le bide … elle a dit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    J’ai rigolé. Elle est marrante.<o:p></o:p>

    — Ça y est ! C’est prêt ! j’ai annoncé.

     

    Je suis fier, car c’est la première fois que je l’invite à dîner.

     

     

    La femme est-elle un animal, et si oui, que mange-t-elle ?

     

     

    Je me sers une grosse assiette. Je meurs de faim. La sauce tomate a l’air terriblement bonne.<o:p></o:p>

    — Sers-toi ! je lui propose.<o:p></o:p>

    Elle me regarde bizarrement.<o:p></o:p>

    — J’ai oublié quelque chose dans la sauce ? je fais.<o:p></o:p>

    — Non, non. Rien du tout. Tu ne sers pas les filles que tu invites à dîner ?<o:p></o:p>

    Je suis un mec simple, moi. On ne va pas faire de chichis entre nous, non ?<o:p></o:p>

    — Il ne faut pas te gêner, tu sais ? Tu es ici chez toi ! Tu te sers et tu te ressers autant que tu veux !<o:p></o:p>

    Elle se sert, fronce les sourcils en regardant mes pâtes, et ajoute de la sauce comme s’il s’agissait d’une soupe.<o:p></o:p>

    — C’est bon ?<o:p></o:p>

    — Les pâtes, ou la sauce ?<o:p></o:p>

    — Les deux ! C’est bon ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Elle ne répond pas. La preuve qu’elle doit trouver ça bon. Ou alors, c’est qu’elle est polie. Ne pas parler la bouche pleine, c’est un truc qui se fait bien, il paraît, quand on veut faire bon genre. Mince …<o:p></o:p>

    J’ai la bouche pleine et je lui postillonne jusqu’à sur son verre.<o:p></o:p>

    Je me tais.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    L’air de rien, je passerai le doigt sur le morceau de sauce indélicat dès qu’elle redemandera de l’eau. Son verre est déjà vide.<o:p></o:p>

     

    Savez-vous lire dans les verres pleins, vous ?

     

    J’ai fini.<o:p></o:p>

    Je me lève et lui retire son assiette.<o:p></o:p>

    — Hé ! elle s’exclame. Tu permets ?<o:p></o:p>

    — Quoi ?<o:p></o:p>

    — Tu as le feu au cul, ou quoi ? Je n’ai pas encore avalé ma dernière fourchette !<o:p></o:p>

    — Ben … A sept heures et demie, si on pouvait se mettre devant Canal …<o:p></o:p>

    Elle jette un œil à sa montre.<o:p></o:p>

    — Tu as de la marge, non ?<o:p></o:p>

    — Le temps de faire la vaisselle …<o:p></o:p>

    — Parce qu’il n’y a pas de dessert ?<o:p></o:p>

    Ah ? Oui ! J’oubliais :<o:p></o:p>

    — Tu préfères un yaourt, ou une orange ?<o:p></o:p>

    Elle soupire.<o:p></o:p>

    — Tu n’aimes ni les yaourts ni les oranges ?<o:p></o:p>

    — Si, si … J’en mange juste toute la semaine !<o:p></o:p>

    — A moins que tu ne préfères une tisane tout de suite ?<o:p></o:p>

    Elle se prend la tête entre les mains :<o:p></o:p>

    — C’est le pompon !<o:p></o:p>

    — Hein ?<o:p></o:p>

    Elle ne répètera pas.<o:p></o:p>

    J’en profite pour commencer la vaisselle en douce.<o:p></o:p>

     

    Produit vaisselle pas cher ?

     

    — Tu en as connu beaucoup, des filles, dans ta vie ? elle me demande.<o:p></o:p>

    Je pense qu’il vaut mieux jouer carte sur table. J’ai trente cinq ans, je suis puceau, il vaudrait mieux qu’elle sache à quoi s’attendre, parce que si jamais je ne suis pas bon, tout à l’heure, au lit …<o:p></o:p>

    — J’ai déjà eu une copine pendant un ou deux ans, mais c’était il y a longtemps. Je ne me souviens pas très bien …<o:p></o:p>

    — C’était dans une autre vie ?<o:p></o:p>

    Je rigole. Elle est toujours aussi marrante.<o:p></o:p>

    — C’est elle, qui t’a plaqué ? elle continue.<o:p></o:p>

    — Ah non ! C’est moi ! je m’exclame aussitôt.<o:p></o:p>

    — Pourquoi ?<o:p></o:p>

    — Oh … Je … C’est elle … Elle était vraiment pénible …<o:p></o:p>

    Il y a un blanc.<o:p></o:p>

    — Pénible ? Tu as des exemples ?<o:p></o:p>

    — Ben …<o:p></o:p>

    Je réfléchis. Mes parents, eux, quand ils se disputent, c’est toujours à cause du ménage, de la vaisselle, du manque de sel dans la soupe, de l’excès d’alcool devant les maths de foot, ou alors au sujet de la politique :<o:p></o:p>

    — Elle ne salait jamais les plats de la même façon, la vaisselle était tout à reprendre, et puis le frigo était toujours vide, quand les copains venaient voir un match à la maison … J’avais jamais une bière à leur proposer …<o:p></o:p>

    — Ah … C’est pire ce que je pensais... elle s'exclame.<o:p></o:p>

    — Et encore, je ne te dis pas tout ! j’ajoute.<o:p></o:p>

    Elle a un air dépité, désolé …<o:p></o:p>

    — Et tu lui faisais des pâtes sans sel et pas cuites, à elle aussi ?<o:p></o:p>

    Je rougis.<o:p></o:p>

    — Remarque : le sel qui n’était pas dans les pâtes, au moins, il était dans la sauce, pas vrai ? Je me sers un peu d’eau, hein ? Parce que j’ai cru comprendre que le vin, ici, c’était un peu une option !<o:p></o:p>

    — Oh ! Mince ! J’ai oublié d’ouvrir la bouteille !<o:p></o:p>

    — Rassure-toi : il n’y a pas que ça !<o:p></o:p>

    — Ah bon ? J’ai oublié autre chose ?<o:p></o:p>

    — Non, non …<o:p></o:p>


    Célibataire pour la Saint Valentin ? Le blog de Laurel te détendra !


    Elle se lève de sa chaise.<o:p></o:p>

    — Je vais y aller ! Comme ça, tu auras tout ton temps pour finir ta vaisselle et regarder ta télé ! Si tu t’organises bien, tu pourras même prendre une douche avant d’aller te coucher !<o:p></o:p>

    — Tu y vas déjà ?<o:p></o:p>

    — Il vaut mieux …<o:p></o:p>

    — Mais … C’est la Saint Valentin …<o:p></o:p>

    — T’inquiète pas : la Saint Valentin sans se rouler de patins, ça a son charme aussi ! Tu verras !<o:p></o:p>

    — Tu ne veux pas boire une tisane ?<o:p></o:p>

    — Non, non ! La menthe me rend nympho, et la camomille m'excite la libido !<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Nympho ? Libido ? C’est quoi, ça ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Elle me fait la bise sur les joues.<o:p></o:p>

    — Merci quand même pour les pâtes. Je t’appellerai.<o:p></o:p>

    — Tu as mon nouveau numéro ? interviens-je, in extremis. J’ai changé de portable ! Tu veux le voir ? Regarde ! Il est tout petit, tout fin, tout léger ! Un des téléphones portables les plus petits que tu puisses trouver sur le marché !<o:p></o:p>

    — Eh bien, au moins, ça ne jurera pas avec la taille de ton manche !<o:p></o:p>

    — Le manche ? Quel manche ?<o:p></o:p>

    — Oh, rien ! Laisse tomber ! Un truc de nanas … Une vieille blague !<o:p></o:p>

    Je rigole. Qu'est-ce qu'elle est marrante !<o:p></o:p>

    — Tu notes mon numéro ? j’ai insisté.<o:p></o:p>

    — Bah … T’inquiète pas … Si je ne l’ai pas, je consulterai l’annuaire !<o:p></o:p>

    — Mais c’est un téléphone portable ! il n’y a pas d’annuaire qui existe !<o:p></o:p>

    — Eh bien, je consulterai le minitel rose, il paraît que les types comme toi,ils sont tous enregistrés, sur le minitel rose !<o:p></o:p>

    — Ah bon ? Il existe des annuaires de téléphones portables ? C’est cool, ça !

     

    Il faudra que j’en parle à mes potes, de ce truc-là ! Ils vont vraiment trouver que c’est de la balle !

     

     

    Téléphone portable fin


    Elle enfile sa veste, ouvre la porte, et, sur le palier, elle se retourne et ajoute :<o:p></o:p>

    — Au fait, il faudrait quand même que tu arrêtes de vaporiser du produit à chiottes dans ta cuisine ! C’est à gerber !<o:p></o:p>

    — Désolé …<o:p></o:p>

    Mes toilettes donnent dans la cuisine. Je sais, des fois, la porte ferme mal. On m’a déjà fait la réflexion, mais ce n’est pas cher, ici, j’ai un loyer avec lequel je peux faire des petites économies tous les mois, et même que j’habite à trois cents mètres de ma mère. C’est vachement pratique, quand je mange chez elle, à midi et le soir.<o:p></o:p>

    — Désolé ? s’insurge-t-elle. Pas autant que moi, j’espère ! Je ne savais pas que ça pouvait être aussi nul, un repas de Saint Valentin !<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Oh ! Mince !<o:p></o:p>

    J’ai oublié de lui donner son cadeau !<o:p></o:p>

    — Attends ! Ne bouge pas ! je m’exclame.<o:p></o:p>

    Je fais un aller retour dans ma chambre en quatrième vitesse.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Lorsque je reviens, elle n’est plus là. L’ascenseur est déjà reparti.<o:p></o:p>

    — Mince …<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Je regarde mon petit cadeau.<o:p></o:p>

     

    Quand est-ce que je vais pouvoir lui offrir, moi, ce joli tablier que j’avais fait personnaliser spécialement pour elle ?

     

     

    Tablier Saint Valentin !

     

     

     

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    « Entre mes doigts, je te doisL'amour à la nippone »

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  • Commentaires

    1
    visiteur_nath_1977
    Vendredi 16 Février 2007 à 16:04
    c'?it mieux chez moi...
    2
    charliebregman
    Samedi 17 Février 2007 à 18:03
    Hormis quelques cris de louloutons, c'?it plut?ieux que cette caricature extr?ste ;)
    3
    visiteur_fullmetalgi
    Lundi 26 Février 2007 à 12:20
    Wah ^^
    Sexy, le tablier ;-)
    4
    charliebregman
    Lundi 26 Février 2007 à 23:12
    Avant toute esp? de fantasme pr?tur?voici un d?nti public : ce n'est PAS moi derri? le tablier !!!

    (ouf ! c'est dit !)
    5
    visiteur_Barbie Pear
    Mercredi 4 Juillet 2007 à 22:58
    lol

    EX-CE-LLENT !!!
    (gros con, mais excellent quand meme !)
    6
    visiteur_bregman
    Jeudi 5 Juillet 2007 à 21:41
    J'ai toujours su que les gros cons avaient beaucoup de succ?!
    7
    visiteur_AZF-31
    Jeudi 12 Juillet 2007 à 13:33
    8
    visiteur_bregman
    Samedi 14 Juillet 2007 à 12:59
    J'ai toujours su que ce tablier ferait son petit effet ... :))
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