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Le mauvais père - deuxième partie
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En effet, neuf mois plus tard, naquit Igor.<o:p></o:p>
Un vendredi treize : ce qui faillit me le faire considérer comme sympathique, sil avait au moins fait leffort de naître douze à treize minutes plus tard, car la belle-mère, superstitieuse comme un chat noir sous une échelle, venait de jurer haut et fort quelle ne mettrait jamais les pieds sous notre toit si le gosse venait à naître à minuit.<o:p></o:p>
Au lieu de ça, il fallut que ce sale mioche se fît remarquer dès la naissance.<o:p></o:p>
Cest vous, le papa ? me demanda la sage-femme, avec lobjet de sa question dans les bras.<o:p></o:p>
Je faillis lui répondre que je navais pas le choix, que jétais sans doute plus victime que responsable, mais cette dernière me devança en me le refourguant dans les bras, sans se préoccuper de mes intentions, en prétextant quils manquaient sérieusement de personnel au moment des nuits de pleines lunes.<o:p></o:p>
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Je regardai alors Igor comme sil sagissait dun objet trouvé que lon me demandait didentifier : il me renifla deux ou trois fois le pouce comme un marcassin, tourna la tête comme si mon odeur lavait incommodé, et se mit aussitôt à brailler.<o:p></o:p>
Là, je reconnus instantanément la moue caractéristique de sa mère lorsquelle décide de ne plus madresser la parole.<o:p></o:p>
Ce mioche na rien de moi, je bougonnai. Avec la chance que jai, il va même être aussi têtu que le beau-père <o:p></o:p>
Et tandis que je cherchais à prendre conscience de ce qui était le plus laid chez ce rejeton, entre le nez, la bouche, le front et les oreilles, un médecin accoucheur vint me le retirer des bras pour me faire une démonstration de comment il fallait tenir cet enfant que je portais « comme une bûche ».<o:p></o:p>
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Comme sa mère avait pris lhabitude de la préserver outrageusement du monde hostile qui lentourait, Igor arriva à lâge de quatre ans sans avoir jamais subi la moindre égratignure. Couvé plus que nimporte quel oisillon, il avait même passé toute sa première année de maternelle à la maison, après avoir essuyé deux échecs cuisants de mise à lépreuve.<o:p></o:p>
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Ce jour-là, je linterpellai, dans la ferme intention de le mettre au défi de monter tout en haut de lescabeau, sans quoi jen tirerais lautorisation de le traiter de petite tarlouze jusquà la fin de sa scolarité.<o:p></o:p>
Hé ! Igor ! Tu viens jouer au bricolage, avec Papa ?<o:p></o:p>
Sa mère contenait un regard méfiant, mais leffort et lusure qui sabattaient désormais sur elle étaient devenus tellement lourds, que le seul fait de me voir tendre la main à Igor suffit à ce quelle renonce immédiatement à nous vouloir coller aux baskets.<o:p></o:p>
Papa va recoller la tapisserie que Beau-Papa a collé comme un sagouin chuchotai-je à loreille du petit protégé.<o:p></o:p>
Tu fais attention à ne pas lassommer avec un de tes outils ! sinquiéta sa mère, depuis la cuisine.<o:p></o:p>
Je pris une mine dépitée et poussai un long soupir qui en disait long sur lamour que javais encore pour elle :<o:p></o:p>
Elle me fatigue, ta mère Tu ne peux pas savoir, comme elle me fatigue ! marmonnai-je.<o:p></o:p>
Fatigue ? répéta-t-il tout fort.<o:p></o:p>
Je faillis lassommer pour le faire taire, mais sa mère, qui avait pourtant dû lentendre, ne posa pas la moindre question.<o:p></o:p>
Igor : tu es peut-être sourd comme le vieux, mais quand je dis quelque chose à voix basse, cest que je nai pas envie que tu te mettes à le crier sur tous les toits. Compris ?<o:p></o:p>
En guise de réponse, ce débile léger se saisit de son pouce, et me regarda avec des yeux grands comme des billes.<o:p></o:p>
O.K. ! Laisse tomber ! Tu me passes le tube de glue ?<o:p></o:p>
Ce fils de sa mère me tend le marteau.<o:p></o:p>
La glue, bordel ! Le tube bleu !<o:p></o:p>
Il fait la moue, et baisse la tête. Ce mioche est tellement hypersensible quon ne peut rien lui dire.<o:p></o:p>
Ah non, tu ne vas pas bouder, quand même ?<o:p></o:p>
Son menton tremble déjà comme une feuille morte, et une larme descend lentement sur sa joue. Cest bien ma veine. Si sa mère nous rejoint maintenant, cest reparti pour une scène complète de dix plombes <o:p></o:p>
Il faut user de tact et de diplomatie :<o:p></o:p>
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Commentaires
1visiteur_uluberluMardi 11 Avril 2006 à 11:27belle ?iture.Répondre2charliebregmanSamedi 10 Juin 2006 à 00:02Merci !
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