• Le pigeon obèse

     

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    Il est devenu tellement accro des gaz d’échappements qu’il semble désormais se nourrir d’aérophagie, le pauvre. Ce qui le fait de plus en plus ressembler, à s’y méprendre, d’ailleurs, à une poule de supermarché … Mais, de grâce, ne vous méprenez pas, car sa chair est devenue le filtre à air de toute la cité, et ça contient du dioxyde de carbone, l’air de la cité, ça contient même du plomb, c’est ce qui le rend lourd le pauvre pigeon : il ne peut plus voler, il se contente d’arpenter la corniche en long, en large, et en travers, et puis quand il vient buter sur l’emplacement du balcon du voisin, parce que l’architecte des logements sociaux n’y a pas pensé, à ça, forcément, il n’a pas pensé qu’une corniche, c’est un lieu de pèlerinage, pour les pigeons, il faut que ce soit agréable et sans fin, qu’il y ait des angles de vues et que l’on ne s’y ennuie pas à mourir. Non ! Au lieu de ça, le pigeon, il bute sur le béton brut, et ça fait mal, du béton brut, ça s’effrite mais ça fait mal, et il faut qu’il fasse demi-tour, le pigeon, en prenant garde, surtout, de ne pas perdre l’équilibre, parce que s’il tombe, ça va faire du concentré de pigeon en bas du trottoir, et ça fait sale, un concentré de pigeon, ce n’est pas propre, les piétons glissent dessus, et puis pour ceux qui marchent la tête baissée, c’est encore pire : ça les écœure, ça les traumatise, ça leur coupe l’appétit pour tout le reste de la journée … Ce n’est pas bien, de traumatiser les gens de la sorte : il en a conscience, le brave pigeon, alors il s’applique à la manœuvre, tord du cul et manque de piquer du nez, mais il y arrive quand même, et le voilà qu’il revient à la case départ de son monopoly pigeonnesque, redonner un nouveau sens qui nous échappera toujours, à sa parade infernale, toujours identique et jamais modifiée.<o:p></o:p>

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    A la fin de la journée, à force d’avoir piétiné autant de kilomètres que les piétons d’en bas, le pigeon aura peut-être terminé d’élaborer son chromosome en plus, ou bien son gène en moins qui fera que, d’ici à deux siècles ou trois, tous les pigeons du monde seront de la volaille bon marché, livrée sur le balcon, comme de bons repas faciles qu’il n’y aura qu’à saisir en tendant le bras par la fenêtre.<o:p></o:p>

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    Les gens mourront peut-être de saturnisme, mais une chose est sûre : ils pourront enfin arpenter nuit et jour, sans relâche, la corniche de leur pied de lit, avec des yeux hagards grands ouverts sur ces machines qui s’affaireront autour d’eux pour effectuer un ravalement des murs intérieurs de leurs cellules, ou bien tout simplement pour ramasser et collecter leurs excréments, à des fins peut-être agroalimentaires.

     

     

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    « Le grand ArchitecteLe mauvais père - première partie »

  • Commentaires

    1
    visiteur_Liliput
    Mercredi 13 Septembre 2006 à 16:18
    Excellente "chute" ... si je puis m'exprimer ainsi ;)
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    2
    charliebregman
    Mercredi 13 Septembre 2006 à 23:55
    Tiens, je me rends compte que la r?riture des "impatiences amoureuses" a un effet quelque peu n?tif sur mon ?iture. Je trouve ce style de texte plus ... litt?ire !
    Merci pour ton commentaire ma petite Lili :-*
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