• Les écuries d'Augias

    Augias mythologie grecque et romaine les écuries d'Augias les 12 travaux d'Hercule légendes Ulysse Homère

     

    Tu es partie fâchée et tu as tout laissé en plan. La vaisselle pas faite, le frigo ouvert, les plats au four, le lait sur le feu, le pain sans quignon et les miettes par terre, les courses sur la table, les yaourts au soleil, les clefs sur le canapé, ton linge un peu partout, la télé allumée, la télécommande égarée, les cassettes déballées et les boîtiers dévastés, les papiers pas triés et les classeurs éventrés, l’ordinateur allumé, et mes fichiers effacés, les draps défaits, les poils partout, tes petites culottes par terre, et tes chaussettes pleines de trous, la fenêtre grande ouverte et les voisins qui me prennent pour un fou.<o:p></o:p>

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    Il ne faut pas que je cède à la panique.<o:p></o:p>

    Il ne faut pas que je cède à la colère non plus.<o:p></o:p>

    Il faut être zen, rester zen et ne pas attraper un cancer.<o:p></o:p>

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    Aïe. Voilà mon ulcère.<o:p></o:p>

    Les écuries d’Augias.<o:p></o:p>

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    Lavabo mon poteau, il va falloir que tu me tiennes chaud parce que là, vois-tu, j’en ai vraiment des frissons dans le dos.<o:p></o:p>

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    Ah. Ben non. Ici, c’est pire.<o:p></o:p>

    La salle de bain est un champ de bataille, avec tous tes produits de toilette éparpillés par terre, en guise de trophées ou de fleurs modernes, aux parfums de marque et aux pétales de verre. Le meuble est grand ouvert, mais il n’y a plus rien dedans. Du coton devant les yeux et le rimmel qui m’avait rendu amoureux.<o:p></o:p>

    Des shampooings.<o:p></o:p>

    Des savons.<o:p></o:p>

    Des savons liquides, des savons liquides, des savons en bulle et des savons sans savon.<o:p></o:p>

    Des démaquillants, des lotions pour les cheveux, des lotions anti-rides, des lotions anti-poux, des lotions pour les beaux nichons et des lotions anti-cons. Des crèmes anti-âge, des crèmes de jour, des crèmes de nuit, des crèmes pour le corps et des crèmes pour le visage, de la crème pour bronzer et des indices pour ne pas brûler, de la crème anti-cellulite et de la crème anglaise.<o:p></o:p>

    Ah, non. Ce n’est pas de la crème anglaise.<o:p></o:p>

    Qu’est-ce que c’est que ça ? Un bouchon dévissé et un bidon de produit détartrant renversé ?<o:p></o:p>

                                                                                                    <o:p></o:p>

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    Il ne faut pas que je cède à la panique.<o:p></o:p>

    Il ne faut pas que je cède à la colère non plus.<o:p></o:p>

    Il faut être zen, rester zen et ne pas attraper un cancer.<o:p></o:p>

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    Aïe. Voilà mon ulcère.<o:p></o:p>

    Les écuries d’Augias.<o:p></o:p>

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    Il faut que j’aille pisser, mais il faut éviter les pièges. Tes crayons de maquillage roulent sous mes pieds et c’est au rideau de la douche que je dois la vie sauve.<o:p></o:p>

    Par terre, une paire de ciseaux, bien ouverte, qui n’attendait que moi pour me faire la peau.<o:p></o:p>

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    Raté ! Tu ne m’auras pas comme ça.<o:p></o:p>

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    Tu n’as pas tiré la chasse car l’eau coûte trop cher.<o:p></o:p>

    C’est dommage que l’eau coûte si cher, d’ailleurs, parce que si tu en buvais un peu plus, ma chère, ça sentirait un peu moins.<o:p></o:p>

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    Tu es repartie avec ta trousse de toilette, mais tu as laissé un rouleau vide en guise de papier toilette.<o:p></o:p>

    Toujours le sens du détail, du clin d’œil et de la rancune indélébile. Tu as réussi à me faire mettre la tête dans les mains, à pleurer sur mon propre sort comme un égoïste, à songer à tout ce bordel qu’il va falloir ranger, au lieu du vide que tu aurais dû me laisser. Tu vas réussir à me faire culpabiliser, d’avoir regardé cette jolie fille dans la rue, qui me faisait un si joli sourire et qui avait un si joli petit cul. Culpabiliser aussi de t’avoir payé le restaurant, de t’avoir offert des fleurs et d’avoir fait semblant d’oublier mes soucis pour que tu puisses vider ton sac de tous tes petits tracas quotidiens, de toutes tes contrariétés infantiles, et de tes miséricordes anodines.<o:p></o:p>

    Culpabiliser de t’avoir aimée au point de t’en rendre jalouse.<o:p></o:p>

    Culpabiliser de t’avoir fait croire au bonheur, à la tendresse et à l’amour.<o:p></o:p>

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    Il ne faut pas que je cède à ta tactique.<o:p></o:p>

    Il ne faut pas que je cède au cancer non plus.<o:p></o:p>

    Il faut être zen, rester zen et se sentir mieux de ne plus être entre tes serres.<o:p></o:p>

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    Tu es partie, adieu mon ulcère !<o:p></o:p>

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    Sur le miroir, il y a du rouge à lèvres.<o:p></o:p>

    Tu as écrit violemment, tu t’es exprimée méchamment.<o:p></o:p>

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    « Connard ! »<o:p></o:p>

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    Mais de toi, il me reste au moins ça :<o:p></o:p>

    Les écuries d’Augias.<o:p></o:p>

     

     

     

     
    Charlie a quinze ans. Son obsession ? Sortir avec Marina …

     

     

     

     

    « Quel lien existe-t-il entre la dépression et le cancer ?Muguet, rends-moi gai ! »

  • Commentaires

    1
    visiteur_ghr22000
    Lundi 1er Mai 2006 à 10:54
    bon texte de crise. votre petit nom c'est hercule ?!
    2
    visiteur_Co
    Samedi 20 Mai 2006 à 19:46
    Oooops...champs de bataille...bon courage...
    3
    visiteur_filamène
    Mercredi 7 Juin 2006 à 22:41
    Je reviens quand meme te mettre un petit com sur ce texte qui m'a perturb?:-)

    Gros bisous grand bregman !
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