Il suffit de pas grand chose pour qu’un être humain demeure un légume. Un petit manque d’attention ou quelques remarques bien salées, servies au bon moment, contribueront d’ailleurs très largement au fait que certains individus, qui ont l’habitude de se faire déjà tout petits, soient rabaissés au rang des petites merdes qui fertiliseront très largement les grandes causes.
Cependant, les légumes ne sont pas toujours ceux que l’on croit, et pour cela, il n’est pas inutile d’élaborer un petit rappel quant à la diversité des mauvaises herbes humaines qui poussent sur cette planète.
D’abord, parlons des concombres !
Les concombres sont ceux qui arrivent en premier, ceux que l’on peut d’ailleurs qualifier de parvenus, c’est-à-dire ceux qui sont venus par le biais de relations, le biais de circonstances ou encore par le biais de la chance.
Ces individus-là, somme toute, devraient naturellement témoigner d’une large gratitude envers la vie. Cependant, il est contraire à la philosophie du concombre de se confronter à toute espèce d’humilité environnementale. En effet, le concombre possède la double particularité d’avoir préalablement chopé le melon (ce qui fait de lui une malformation végétale qui n’a pas conscience de l’être) et de passer son temps, grâce à la nouvelle forme phallique qui le caractérise, à vouloir enc... les mouches.
Le concombre se déniche parmi les petits gradés de l’espèce végétale.
Ensuite, viennent les courges.
Désolé pour les personnes de sexe féminin qui soupçonneront là une petite misogynie de ma part, mais les faits sont pourtant indiscutables : les courges sont des individus de sexe féminin, qui ont la caractéristique de posséder une grande gueule bien ouverte… qui n’a d’égale que la stupidité dont elles disposent pour la mettre en branle.
La courge parle beaucoup, débite énormément d’âneries, rit fort et bêtement et, bien sûr, ne réfléchit jamais avant de prononcer le moindre mot (car, pour cela, encore faudrait-il avoir un cerveau !)
La courge se déniche à proximité des concombres. Elle leur tient compagnie et s’enorgueillit amplement de pouvoir faire partie de leur clan. Son salaire n’est certes pas celui du concombre, et elle ne possède donc pas franchement le même carosse, mais le temps qu’elle passe à déblatérer des inepties la maintient hors d’atteinte de toute espèce de prise de conscience qui pourrait lui être fatale.
Car la courge a le fond dépressif. Dépressif compensatoire, si vous préférez : ce genre de dépression existentielle que l’on ne peut éteindre que par l’euphorie et la crise maniaque.
En quelque sorte, la courge se ment à elle-même, sans le savoir.
Pas d’étonnement, donc, à ce que la courge se persuade aisément de faire partie du gratin.
Les choux-fleurs, eux, sont là pour faire les beaux. Ils sont en contact permanent avec tout ce qui touche de prêt ou de loin le petit jardin dont ils font partie. Ils ont des avis sur tout et des atouts sur rien mais il faut toujours qu’ils le fassent savoir. Ce sont les avis météo du jardin. Les bulletins pas toujours bien fiables de la température qu’il fait, de celle qu’il a fait, et de celle qu’il fera.
Néanmoins, évitez de mettre un choux-fleur au frigo, ne serait-ce que pendant deux jours de suite ! Car le choux-fleur possède la pourriture en soi. A croire qu’il est né avec, et qu’il la dissimule, à la perfection, sous ses grandes phrases toujours très alambiquées.
Le choux-fleur pue. L’odeur du choux-fleur frais est trompeuse. Le choux-fleur est sournoi.
Trois raisons pour lesquelles je vous déconseille formellement d’entetenir une relation durable avec un choux-fleur. Vous y laisseriez à coup sûr votre énergie, votre moral, votre monnaie, et peut-être bien votre aspirateur* (* special dedicace)
Les bonnes poires, elles, se trouvent là où ça sent le labeur. Ce qui met d’ailleurs concombres, courges et choux-fleurs d’accord sur le fait qu’il est grand temps d’ouvrir les fenêtres afin de faire entrer un peu d’air frais.
Les bonnes poires effectuent leur travail sans broncher, sans cilier et sans la ramener. Elles parlent peu et se concentrent à la tâche, d’autant plus que la véritable destinée des bonnes poires est de se laisser presser comme des citrons, jusqu’à la dernière goutte… juste avant qu’on les mette en boîte, étiquetées archivées évacuées.
On trouve les bonnes poires à l’ombre des grands arbres. Les poiriers, en l’occurrence. Des êtres prospères qui bougent de temps en temps les feuilles pour avoir l’air de brasser de l’air, et qui lèvent bien haut les branches en attendant que l’argent tombe.
Le poirier possède une seule fonction, que nul légume ne peut comprendre : supporter.
Il supporte Concombres, Courges, Choux-fleurs et bonnes Poires, ce qui lui semble largement suffisant pour mériter le salaire démesuré qu’il exige, en compensation des heures qu’il ne pourra pas consacrer à des fins plus sportives, personnelles et spéculatives.
Tous, qu’ils en soient conscients ou non, demeurent des légumes, sans intérêt véritable au regard du dépassement de soi qui devrait les caractériser !
Tous ne voient midi qu’à leur porte, leur nombril comme unique centre du monde, et leur ombre comme la huitième merveille du monde !
Tous se glorifient de peu, se gargarisent de mensonges et se voilent la face de masques divers, allant du plus misérable au plus lumineux.
Tous, qu’ils soient concombres, courges, choux-fleurs ou bonnes poires, qu’ils soient poiriers ou vieux bois pourris, bien enracinés à l’abri des bourrasques et des tempêtes, ont l’impression de mener leur route dans la bonne direction, ne ramant ainsi que dans le sens du courant ou de la force centrifuge !
Tous, tant qu’ils ont la santé, rient bien de leur situation… à l’abri des regards de ceux qui auraient le malheur de voir en eux la terrible vérité qu’ils tentent désespérément de dissimuler : la vraie raison de leurs agissements, la seule explication de leurs comportements, l’unique évasion de leurs prisons…
Et pourtant, tous, sans jamais le savoir, évoluent en présence d’un simple épouvantail.
Vous avez déjà vu un épouvantail ? C’est laid, un épouvantail, n’est-ce pas ? C’est là pour la présence et ça semble constitué de bien peu de choses, en somme : de quelques brindilles d’intelligence et d’une grosse tête de bois, ça a un costume qui ne vaut pas un clou et ce sera sans doute le premier qui tombera quand il y aura un bon coup de vent, pas vrai ?
Et pourtant, l’épouvantail, il est là : il vous observe, il ne dit rien, et il ne tombe pas.
Ses tempêtes sont vos malversations, et ses averses sont les postillons de vos passions !
Vous le prenez pour un légume…
Mais c’est le seul, parmi vous, qui ressemble le plus au jardinier !
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