• Question de siège

       - On t’a expliqué pourquoi tu es là ?

       - On m’a rien expliqué du tout. Il faut tout imaginer, on dirait.

       - C’est exactement ça, il faut tout imaginer, mais surtout ne rien répéter.

       - Répéter quoi ?

       - Rien répéter.

       - Pourquoi ?

      - Ne pas poser de questions non plus.

       - Mais alors il n’y aura pas de réponses ?

       - A quoi servent les réponses, quand il n’y a pas de questions ?

       - J’en ai, des questions.

       - Alors tu les gardes pour toi.

       - Ah bon ? Et je suis là pour quoi, alors ?

     

       - Je ne suis pas là pour donner les réponses. Monte dans la machine. Je préfère donner les ordres.

       - Il faut que j’obéisse ?

       - Monte dans la machine, ou je te démonte la gueule !

       - Ok. On se calme. Voilà, c’est fait. Je suis dans la machine.

       - Non, pas celle-ci : celle-là.

       - La verte ?

       - La rouge.

       - Belle couleur. Elle voyage plus vite ?

       - Les cobayes qui montent dedans posent moins de questions.

       - J’espère que l’expérience ne dure pas trop longtemps parce que j’ai les patates dans la friteuse, moi.

       - Tu mangeras tes frites de l’autre côté. C’est un voyage aller sans retour.

       - Hé ! On ne me l'avait pas dit !

       - Ceinture. Accroche-toi. Démarrage dans trois secondes.

       - Mes proches vont s’inquiéter.

       - Tu leur enverras des signes de l’au-delà.

      - L’au-delà ?

       - Trois. Deux.

       - Delà ?

       - Un.

       - Paradis.

       - C’est toi qui l’a dit.

       - Pchhhhiiiiiiiii…

       - Le voilà désintégré, ce crétin.

    <o:p> </o:p>

       - Arghhhh. On dirait que c’est fini. Je suis arrivé. Ouvrons la porte et voyons où nous sommes !

       - Bidibidibi. Mot de passe ?

       - Qu’est-ce que c’est que ce robot ?

       - Mot de passe. Deuxième tentative.

       - Où je suis, bordel ?

       - Mot de passe. Troisième tentative.

       - (…) Ultimatum.

       - Ouverture de session accordée. Vos nouveaux identifiants sont désormais Tutu-chapeau-pointu.

       - Je rêve.

       - Direction l’unité centrale.

       - On n’y est pas encore ?

       - Suivez-moi et taisez-vous. Ecoutez spectacle sans interrompre. Siège vide à deux mètres. Asseyez-vous.

     

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       - Cette place est disponible, mademoiselle ?

       - Oui.

       - Tant mieux. Vous êtes bien belle, j’ai beaucoup de chance.

       - Moi aussi, vous me plaisez. Vous n’avez pas d’alliance et j’en conclue que vous êtes un homme libre.

      - Il n’y a que des femmes à côté de vous et vous avez tout d’une hétéro, j’en conclue que je vais passer une bonne soirée.

       - A condition d’écouter. Je ne fais l’amour qu’en silence.

      - Ok. Je commence ?

       - Non, moi. Honneur aux dames.

       - On se touche ?

       - Vous rigolez ?

       - Comment ça, je rigole ? Vous voulez faire l’amour, ou pas ?

      - Dans la tête, c’est tout. On regarde le spectacle, chacun imagine ce qu’il veut et ça s’arrête là. Il y a quand même du monde dans la salle, on ne se dépoile pas n’importe où, tout de même.

       - Ok. Je vois le genre.

       - Vous voyez bien ce que vous voulez. En tout cas, je ressens déjà de très bonnes ondes.

       - Moi, je ressens surtout que vous me faites du genou.

       - Il s’agit d’une connexion discrète pour établir le flux.

       - Quel flux ? Où ça, un flux ?

       - Un flux de données.

       - Je vais t’en donner, moi, du flux.

       - Ne soyez pas vulgaire, je vous en prie.

       - Ravalez votre salive, vous, vous ne savez pas ce que vous voulez !

       - Regarder le spectacle en silence.

       - Arrêtez de me caresser les jambes, nom de dieu, vous me faites bander.

       - Ça vous empêche de regarder le spectacle ?

       - A vrai dire, j’ai un peu de mal à me concentrer sur deux choses à la fois.

       - Vous manquez de concentration ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas inscrit au cours d’impro ? ça vous aurait fait du bien et vous seriez sur la scène, à l’heure qu’il est !

      - J’ai pas envie d’être sur la scène, j’ai envie de vous attirer dans mon lit !

       - Ça risque de vous coûter plus cher que le spectacle.

       - Vous êtes une professionnelle ?

       - Toutes les belles femmes ne sont pas des professionnelles, c’est quoi, ces insinuations ?

       - Je suis marié.

       - Et moi, mon copain m’a viré de chez lui alors qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ?

      - J’ai deux enfants !

       - Par bonheur, vous ne les avez pas pris avec vous, profitons-en !

       - Je culpabilise très vite. Laissez-moi tranquille.

       - Vous ne voulez plus faire l’amour ?

       - Non, j’ai peur.

       - Peur que ce soit mieux que chez vous ?

       - Vous lisez dans mes pensées, vous !

       - Ce que je lis, c’est votre texte. C’est tout.

       - J’ai écrit tout ça, moi ?

       - Dans un moment d’inadvertance. Oui.

       - Je peux revenir changer quelque chose dans le texte ?

       - Qu’est-ce que vous voulez modifier ?

       - La salle. Le spectacle, tout ça, je veux tout enlever. On pourrait pas se trouver rien que nous deux ? Ce serait plus simple, non ?

       - Ok. Remontez dans la machine.

       - Voilà.

       - Non, la rouge.

       - Ah non, pas la rouge, je l’ai déjà prise pour venir, elle fait un bruit d’enfer. Cette fois-ci, je prends la verte.

       - C’est vous qui choisissez.

       - Trois. Deux. Un.

       - Au revoir.

       - Pchssssiiiiiiiii… Rrrrrhhhhaâââ^âa a yuo  df  df, p*

    <o:p> </o:p>

       - Vous avez réussi à revenir ?

       - Qu’est-ce que vous croyez ? Je ne suis pas un cobaye de pacotille, moi !

       - Vous êtes le premier.

       - Oui, mais je repars. Il faut que j’efface la salle.

       - Quelle salle ?

       - La salle de spectacle.

       - Quelle salle de spectacle ? De quoi me parlez-vous ?

       - La fille brune, trop belle, qui était assise à côté de moi, elle veut faire l’amour avec moi, je peux pas manquer ça…

       - Ben pourquoi vous êtes revenu ?

       - Pour y retourner !

       - Mais enfin ! Vous êtes un abruti, vous ! On vous envoie au paradis et vous voulez rentrer ? Vous croyez qu’on dispose d’entrées sorties comme ça, au bon vouloir des gens ?

       - C’était pas le paradis, c’est faux, vous mentez !

       - Bien sûr que si. c'était le paradis et vous en êtes revenu, tant pis pour vous.

       - Renvoyez-moi donc là-bas ! C’est pas compliqué !

       - C’est impossible. Vous avez laissé la machine rouge.

       - Et alors ?

       - C’est la machine rouge, qui crée la destination. Si vous ne rentrez pas avec la machine rouge, la destination devient un univers parallèle dans lequel il est physiquement impossible de retourner.

       - Oh non…

       - Oh que si.

       - Attendez, vous avez dit « physiquement » impossible ?

       - Physiquement.

       - Donc il existe d’autres possibilités ?

       - L’imagination. Les femmes de nos rêves ne sont jamais plus belles que dans notre imagination. Vous devriez le savoir.

       - Mais alors… Il n'y a plus d'espoir ?

       - Je dirais même mieux : il ne vous reste que les regrets. Sans rancune, hein ?!

     

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