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    Hier, j'ai fait signer ma soumission au régime néo-rangé.

     

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    Ouais, il y en a qui parlent de Nouvel Ordre Mondial, des trucs comme ça.

     

     

     

     

     

    Il y en a même plein (des bordéliques de nature) qui s'inquiètent très fort de leur avenir. Car il parait que quand tu gareras ta voiture sans mettre tes roues bien parallèles au trottoir, un gros camion arrivera dans la demi-heure pour la soulever à l'aide d'un électro-aimant alimenté par le travail de prisonniers enfermés dans le moteur, pour la placer dans une grosse benne à ordures, genre le truc qui fait flipper si t'es encore dans la voiture, et qu'on te la réduira en petite compression de César, à part que comme la signature de l'artiste ne figurera pas sur l’œuvre, ta caisse ne vaudra même pas le prix d'une baguette de pain (qui servira à te corriger, d'ailleurs, la baguette, d'où l'expression, « mener à la baguette »). Il parait également que si, chez toi, lors d'une perquisition, on trouve des chaussettes qui traînent par terre, on te retire ton droit de vote et on te coupe un orteil en guise d'avertissement …

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    Donc, ma femme, comme elle est infirmière (se marier, déjà, il fallait le faire, mais avec une infirmière : on a dû me faire boire une potion maléfique, je ne vois que ça), elle m'a dit : « Putain ! Tu prends ton formulaire et tu prends rendez-vous chez ton médecin traitant pour lui faire signer, sinon, au premier juillet, il n'y aura plus un médecin dans la contrée qui acceptera de te soigner ! »<o:p></o:p>

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    Pouah, la flippe !<o:p></o:p>


    Déjà que je suis jamais malade et que je dépense une fortune pour une complémentaire maladie qui doit servir à payer des stages de golf au directeur du truc, si, en plus, personne ne veut me soigner quand je serai malade, alors je vais mourir, c'est ça ?<o:p></o:p>

     

    Putain, j'ai réagi.<o:p></o:p>

    Vite fait, j'ai pris le téléphone, j'ai téléphoné à mon médecin de quand j'étais encore un sale môme qui pissait partout entre la chaise devant son bureau et sa table de consultation en-cuir-sous-les-grosses-loupiottes-violettes, comme chez le dentiste, et j'ai pris un rendez-vous.<o:p></o:p>

    Il m'a dit : « C'est pourquoi ? » Je lui ai répondu : « Pour un rendez-vous. » Il m'a dit : « Vous êtes malade ? »<o:p></o:p>

          Ben non, mais, pour faire court, j'ai répondu, si je viens pas, je vais mourir.<o:p></o:p>

          Bon, d'accord, je vous prends en urgence à dix sept heures vingt précises, et vous avez intérêt à être malade, parce que je n’aime pas les petits plaisantins qui viennent me faire perdre mon temps pour faire signer leurs formulaires de déclaration de médecin traitant. Moi, j'ai déjà trop de monde avec ma clientèle habituelle, alors je suis pas du genre à m'emmerder avec des petits nouveaux qui sont même pas malades.<o:p></o:p>

    « — Mais je suis ... » j'ai commencé à dire, mais il m'a raccroché au nez. Dommage, car je voulais lui dire que ma mère m'emmenait toujours chez lui quand j'étais petit, qu'il n'y avait que lui qui me touchait les couilles jusqu’au moment où je me suis rendu compte que c’était plus agréable de se les faire toucher par des femmes, et que ... Bref, plein de trucs, quoi. Plein de souvenirs terribles, qui ne se partagent qu'avec les vrais amis. Au lieu de ça, il me raccroche au nez. Il a mal tourné, ce type-là. On ne raccroche pas comme ça au nez des clients les plus fidèles ! Là dessus, ma femme qui en remet une couche : « Tu as intérêt à vite te trouver une maladie, parce qu'il va te passer par la fenêtre ! »<o:p></o:p>

    Je regarde la montre : quatorze heures.<o:p></o:p>

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    Putain !<o:p></o:p>

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    A peine trois heures devant moi pour tomber malade.<o:p></o:p>

    Au travail, je m'isole aux toilettes d'en bas, celles qui sont situées juste derrière la secrétaire. Je me mets à poil et me scrute sous toutes les coutures.

    Il y aura bien un petit truc suspect, quand même, non ?

    Ben non.

    Même pas.<o:p></o:p>

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    Ah si : hourra !

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    J'ai une plaque rouge grande comme un sous-plat, là, sous le coude.<o:p></o:p>

    Psa ! C'est du Pso !<o:p></o:p>

    Si ça, ce n'est pas une maladie, je veux bien être rayé des fiches de la sécurité sociale !

    Incurable, le truc.

    Pour en faire de la pub, ils pourraint dire : « Adoptez un pso et terminez vos jours chez le psy ! »

    Ou encore : « Pso, un ami pour la vie ! »<o:p></o:p>

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    Chic, c'est bon, je peux y aller en toute sérénité.

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    Un petit coup de fil à ma femme (une vraie mère, pour moi, ma femme ; putain ! quand je pense que j'ai tout fait pour fuir ma mère...), et là, un mythe s'effondre : le pso n'est pas une maladie, car c'est dans la tête. Le médecin va m'engueuler ! Il faut absolument trouver autre chose, un rhume, une diarrhée, un ulcère ou un truc sale, genre l'ulcère qui te sort par le nez comme un rhume et qui te fout la diarrhée rien que d'en parler. Ils aiment bien les trucs très sales, les médecins, qu'elle me dit, mon infirmière de femme.

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    Ah.

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    Les deux boss ne sont pas là cet après-midi.

    J'ai une idée lumineuse (c'est toujours quand ils sont pas là que l'on a les idées les plus lumineuses, sinon, ça se saurait et ils nous en voudraient terriblement d'avoir des idées plus lumineuses que les leurs) : je vais me foutre la clim dans la gueule, à fond pendant deux heures, la bouche ouverte. Ça me changera, d'ailleurs, du lâché de gaz du collègue de dix-sept heures quatorze, le vent de la clim.<o:p></o:p>

    Si c'est plus frais et plus agréable, c'est forcément plus traître.<o:p></o:p>

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    Ça a marché pile poil.<o:p></o:p>

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    Au médecin, je lui ai présenté des amygdales terriblement angoissantes.<o:p></o:p>

    Il a dû ressortir au moins trois ou quatre gros bouquins de quand il était encore étudiant, et il m'a même félicité d'avoir un fond de gorge dans un tel état.

    Là dessus, je lui ai glissé le formulaire que nous a fait passer Sarkozy ou un type de sa bande, et hop, je suis ressorti avec deux amis pour la vie : d'abord, mon pso, parce que j'ai oublié de lui en parler, et ensuite parce que ce médecin-là va peut-être me suivre jusqu'à la fin de ma mort.<o:p></o:p>

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    A condition que je me décide à mourir avant lui, évidemment.<o:p></o:p>

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    Mais, en attendant, je m’en fous.<o:p></o:p>

    Deux amis pour le prix d’un formulaire, ce n’est vraiment pas cher.<o:p></o:p>

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    Et en plus, c’est remboursé par la Sécu.

     

     

     

     

     

     

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