• <o:p>

     

    Salut, les gars ! Ça va ? A fond la forme ?<o:p></o:p>

    Putain, moi, ça va : j’ai une patate … Ça faisait longtemps que j’avais pas eu une patate pareille. J’ai la frite, comme disent les belges ! Putain ce que j’ai la frite ! Ça faisait longtemps que ça n’avait pas baigné aussi bien !<o:p></o:p>

    Faut dire que je me suis mis au sport.

    Le sport, c’est la santé. Si tu n’as pas la santé, c’est dommage pour toi parce que tu ne peux pas te mettre au sport, mais si tu peux, c’est quand même mieux. Parce que c’est un peu comme l’argent, la santé. Plus tu as de l’argent, plus c’est facile d’en gagner, n’est-ce pas ? Eh ben, la santé, c’est pareille : plus tu as la santé, plus c’est facile de faire du sport, et plus tu fais du sport, plus tu as la santé. Cercle vicieux, quoi. Un cercle parfait, quoi !

    Un tour de stade, si tu préfères.

     <o:p></o:p>

    J’adore les tours de stade, moi.<o:p></o:p>

    Dès que j’en fais un, je peux plus m’arrêter. Une vraie drogue. Tu sais que le cœur, c’est comme une pile Wonder, ça ne s’use que lorsque tu t’en sers pas : alors, moi, je cours ! Je sais pas après quoi je cours, mais, putain, qu’est-ce que je cours ! Les gars de l’entretien du stade, ils m’appellent Forest : « Cours, Forest ! » qu’ils disent tout le temps. Tu parles ! Je sais bien, qu’ils se moquent. Ils ne pensent qu’à se reposer, ceux-là. Au premier tour de stade, j’entends : « Je suis fatigué, éreinté, exténué ! » Deuxième tour : « fourbu, abattu … » Troisième tour : « vidé, accablé, épuisé ! » Quatrième tour : « brisé, cassé, découragé … » Cinquième tour : « détruit, démoli, anéanti ! »<o:p></o:p>

    Au tour suivant, comme je passe en marchant, j’en entends un peu plus. Un peu trop pour ne pas me redonner envie de repartir plus vite, d’ailleurs : « Vivement le week-end … Vivement qu’on se pose, qu’on fasse la grasse mat’, qu’on se fasse une grosse bouffe et qu’on roupille, et qu’on regarde la télé sans être obligé de courir … »<o:p></o:p>

    Ce à quoi, il y en a toujours un pour lancer : « Oh putain, tais-toi, rien que de le regarder courir, le Forest, ça me fatigue ! »<o:p></o:p>

    Oh là là …<o:p></o:p>

    Quel entrain !<o:p></o:p>

    Tu parles de traînards, oui ! Les mecs, ils sont payés pour ouvrir et fermer la grille du stade, et ça les fatigue d’avance ! Ils n’ont qu’à me la donner, la clé :je fermerai en partant, si c’est ça, le problème ! Quand tu t’es tapé cinquante tours de stade, c’est pas un tour de clé supplémentaire qui va te faire peur ! Non mais !<o:p></o:p>

    Et je ne vous parle pas de leurs discussions à la noix sur les vacances ! Ah, putain ! elles me font bien marrer, ces grandes gueules qui disent courir le monde ! Tu parles ! Un petit voyage par ci, un petit voyage par là, une petite visite tranquillou au monastère du coin, un petit resto bien gras tous les soirs …<o:p></o:p>

    C’est ça, courir ?<o:p></o:p>

    Mon cul, oui ! Je vais vous en faire faire, du sport, moi ! C’est pas courir le monde, ça : c’est marcher le monde, oui ! Marcher sur la naïveté des autres, oui !

    Moi, les voyages, de toute façon, je n’en fais plus. J’en ai fais un une fois, ça m’a suffi. Le toubib m’avait dit : « vous devriez changer d’air ! » L’agence de voyage proposait un truc à contre-courant, peu ordinaire, avec une visite express de la forêt amazonienne à l’arrière d’une jeep. Je vous dis pas le courant d’air que j’ai chopé : j’ai fini avec la courante !<o:p></o:p>

    J’ai été rapatrié d’urgence par Express Foreign Assistance, l’assistance express des maladies que tu dois choper sans doute dans les fêtes foraines. Ils m’ont mis au lit sous perfusion et m’ont demandé de prendre patience. Je me demandais plutôt si je n’allais pas prendre racine. Ils m’ont prêté des bouquins, comme si j’avais une tête à passer mon temps dans les bouquins, à prendre des cours, à donner des leçons, à donner libre cours à mon imagination ! J’ai essayé de lire, mais je n’ai rien compris. Que des mots que je ne connaissais même pas. Que des mots à vous faire sentir que vous n’êtes pas allé assez longtemps à l’école, que des phrases à vous humilier, vous mettre la honte et vous rabaisser au plus bas ! Ça parlait de courlis, de courtines et de courroux …<o:p></o:p>

    Courroux, cours où ?

    Ils n’ont qu’à rentrer dans un stade une fois dans leur vie, ils verront bien, où est-ce qu’on court !<o:p></o:p>

    Alors, ces abrutis, qui se croient malins de me lancer des « Cours, Forest ! » à chaque tour, ils peuvent toujours courir pour que je leur réponde ! Moi, les mecs qui font pas du sport, je leur cause pas, d’abord.<o:p></o:p>

    Question d’hygiène !<o:p></o:p>

    Ils ne vont quand même pas se croire plus propres que moi parce qu’ils transpirent jamais, non ? Moi, plus je cours : moins je transpire. Et moins je transpire : moins ça sent.<o:p></o:p>

    Faut pas rêver : c’est quand tu transpires le moins souvent, que tu sens le plus fort.<o:p></o:p>

    Alors, ils ont beau penser ce qu’ils veulent, je laisse courir !

    <o:p></o:p>

     

    BlogBang<script src="http://www.blogbang.com/d.php?id=4cffe26edf&n=3&o=SLW" type="text/javascript"></script>

    Peut-être qu’ils diront de moi que je suis un sacré petit prétentieux parce que je ne leur cause pas, mais je m’en fous. Les bruits qui courent, moi, ça m’a jamais empêché de courir. Je cours et je les emmerde. Quand tu fais du sport, les autres, faut pas leur prêter attention : ceux qui comptent, ce sont ceux qui sont devant toi !<o:p></o:p>

    Moi je m’en fous, d’ailleurs, parce que je cours tout seul.<o:p></o:p>

    Je suis toujours le premier, comme ça. Et croyez-moi qu’il n’est pas encore né, celui qui pourra me rattraper, parce que j’ai déjà quelques tours de stade au compteur, vous savez ! Celui qui va s’y croire, il va courir cent mètres, et puis il va se mettre à souffler comme un bœuf. C’est ça, de mettre la charrue avant les bœufs ! Et croyez-moi que je vais en prendre, de l’avance, pendant ce temps-là ! Parce que quand tu t’arrêtes de courir pour souffler, le stade, lui, il s’arrête de tourner aussi, faut pas croire ! La ligne d’arrivée, elle ne vient pas toute seule : il faut aller la chercher !<o:p></o:p>

    C’est ça, l’esprit du sportif !<o:p></o:p>

    Faut de la lucidité, du bon sens ! Du souffle et du muscle ! C’est pas donné à tout le monde.<o:p></o:p>

    De toute façon, les mecs qui font jamais de sport, ils ne peuvent pas comprendre ça, eux. Le sport, faut en faire ! Faut le vivre, pour savoir ce que c’est !<o:p></o:p>

    Tant que tu n’as pas fait ton kilomètre de course, tu ne sais pas ce que c’est que de courir !

      

    Enfin, bref !<o:p></o:p>

    Moi, je m’en fous. J’ai la patate !<o:p></o:p>

    Ma mécanique cardiaque, c’est du tonnerre ! Et puis, ça fait pas d’huile, un moteur pareil. C’est pour ça, que j’ai la frite ! Putain, ce que j’ai la frite ! Je sais, vous ne pouvez pas me sentir, quand je vous dis des trucs pareils, mais, bon, faut bien comprendre que si vous n’en brûlez pas, des calories, vous devenez gros, inévitablement !<o:p></o:p>

    Et moi, ça m’angoisse, des trucs pareils. J’en rêve la nuit. J’en cauchemarde, même : je rêve que je suis assis dans un canapé, dans lequel je mange et je dors, et que je ne me réveille que pour manger et me rendormir à nouveau, et mon canapé, il devient trop petit. Il commence d’abord par me serrer au niveau des hanches, puis petit à petit, avec la pression, mon corps se soulève de dix à quinze centimètres et, tout à coup, pan ! une force inouïe sortie je ne sais d’où me soulève d’un bloc et me catapulte par dessus la table basse qui me servait de repose pieds.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Du coup, j’ai envie de leur dire, à ces imbéciles, ce qu’ils risquent, à s’entêter à ne pas vouloir faire de sport ! <o:p></o:p>

    Mais bon. Ce serait peine perdue. Nous ne sommes pas du même monde. Nous ne sommes pas faits pour nous entendre. Surtout que nous n’avons rien à nous dire. C’est trop tard. Ils m’ont catalogué, étiqueté, et les jeux sont faits. Pour eux, je ne suis qu’un sportif qui ne fait que courir !

    Pourtant, je n’ai pas que le mot courir à la bouche, il ne faut pas croire ! Si vous croyez que je cours pas les filles, alors là, vous ne me connaissez pas ! Je ne cours pas après les honneurs, c’est sûr, mais alors qu’est-ce que je cours après les filles ! Un vrai coureur de jupons, comme on dit !<o:p></o:p>

    Bon, attention : j’ai des principes ! Je cours pas de risques ! Courir après les femmes mariées, ça, c’est pas pour moi.  Courir deux lièvres à la fois non plus, d’ailleurs. Et puis, par les temps qui courent, j’ai pris l’habitude de ne jamais courir découvert. Toujours en imper : comme les bretons ! Sauf que eux, ils le mettent jaune, et moi, ça dépend ! Ah, ah ! Tu peux d’ailleurs toujours courir pour que je t’en dise plus. T’as qu’à courir les pharmacies, si tu n’y connais rien !<o:p></o:p>

    Ou bien les bals, comme moi.

    Faut savoir si tu veux jouer dans la même cour ou pas, après tout. Un conseil de sportif, gamin : si tu veux te dégoter la petite nana qui va bien, cours pas les magasins : ça se vend pas, ce genre d’outillage ! La petite nana qui va bien, qui fait la bouffe et la vaisselle, qui te lave tes baskets et tes tee-shirts et qui te fout la paix pour que tu puisses toujours faire ton sport comme tu as l’habitude de le faire, ça ne court pas les rues, faut pas rêver !

    Si tu veux la dénicher, la perle rare, cours plutôt les bals, c’est là qu’ils les parquent ! Ça ne sert à rien de chercher ailleurs. Ça ne sert à rien de courir à perdre haleine ! En plus, tu sais bien : rien ne sert de courir … il suffit de partir au bal !<o:p></o:p>

    La cour des grands, ce n’est pas le stade dans lequel tu cours ! Oublie ça ! <o:p></o:p>

    Un stade, c’est une petite cour de récréation, c’est tout. Je ne sais pas si tu es au courant, mais si tu veux t’intéresser aux tours de poitrine, faut savoir laisser tomber les tours de stade ! Et je m’y connais, moi, en tours de stade ! Ecoute bien ce que je te dis là : les tours de poitrine, je sais pas trop comment ça marche, mais il y a un truc que je sais, c’est que … un stade, c’est pas la Cour des Miracles : la nana, elle ne va pas arriver comme ça, surgir de nulle part, et te regarder courir avec des yeux de merlan frit, scotchés sur ta belle et longue foulée élégante et régulière ! Faut pas rêver. Ça, tu lui feras voir après, si tu veux, mais sors d’abord de ton stade, et tu la ramèneras après, en la portant à bout de bras !<o:p></o:p>

    Tu feras d’une pierre deux coups : d’abord, elle appréciera ton corps d’athlète, et en plus, elle comprendras mieux pourquoi tu lui demandes de te laver régulièrement tes tee-shirts de sport.

    <o:p></o:p> 

    Bon, c’est pas tout mais il va falloir que j’y aille, parce qu’il y a le temps qui court. On me fait déjà signe qu’il va falloir que je cours comme un dératé pour rattraper le temps perdu : il faut que j’aille faire les courses.

    Je vais aller au plus court : à la maison, on est à court d’idées, pour bouffer.

    Alors, je vous prends peut-être de court, mais notre discussion va vraiment devoir tourner court. Le courant passe très vite, entre gens qui courent, n’est-ce pas ?

    Comment, vous ne courez pas ?<o:p></o:p>

    Vous n’aimez pas courir ? Je commence vraiment à vous courir ?

    Ah, écoutez, c’est toujours pareil ! On croit pouvoir partager sa patate avec les autres, et, en bout de course, il s’avère qu’ils sont prêts à vous lancer des tomates.

    On ne va pas discourir cent sept ans.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    De toute façon, c’est monnaie courante.<o:p></o:p>

    Nous, les sportifs, c’est comme si on avait un vocabulaire limité : même quand on ne vous parle pas de sport, on a l’impression que ça vous fatigue.

      

     

    </o:p>

     

    <script language="javascript" type="text/javascript">// <![CDATA[ WEBO_ZONE=1; WEBO_PAGE=1; webogold_ok=0;]]></script><script language="javascript" type="text/javascript" src="http://script.weborama.fr/gold.js"></script><script language="javascript" type="text/javascript">// <![CDATA[ if(webogold_ok==1){webogold_zpi(WEBO_ZONE,WEBO_PAGE,224736);}]]></script>


    4 commentaires