• Un milliard d'êtres humains, et moi et moi et moi

     

     

    Mexico, 16 Mars 2006.

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    En ce moment, tout plein de représentants de tous les pays les plus riches de la planète sont en train de se réunir pour une espèce de comité de soutien en faveur de ce petit milliard d’êtres humains qui n’ont pas accès à l’eau potable.

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    Je les imagine bien habillés, avec du linge bien propre et des tenues qui se changent toutes les trois heures. Ils ont dû arriver hier en fin d’après-midi, par avion. Il fait chaud, à Mexico. Très chaud. Ils se sont rués sur des gobelets d’eau potable servie à volonté. Au bout de deux gorgées, ils ont lorgné du côté des coupes à champagne et des autres boissons aux vertus aphrodisiaques irremplaçables. Ils ont reposé soigneusement leurs gobelets sur un coin de table, croyant sans doute pouvoir les retrouver au même endroit un peu plus tard dans le buffet, ont fait mine d’échanger deux ou trois mots avec un homologue étranger, posant d’un œil vif et d’un sourire hypocrite devant les journalistes des télévisions locales, et se sont mis à s’enfourner des tas de petites gourmandises qui coûtent la peau des fesses.

    De temps en temps, à force de s’évertuer à parler la bouche pleine, ils devaient revenir chercher leur petit gobelet qu’ils avaient laissé à moitié plein, mais là, surprise, les gobelets s’étaient regroupés en bande, comme pour leur rappeler ce pour quoi ils étaient là.<o:p></o:p>

    Des traces de lèvres sont visibles sur tous les verres, avec parfois des petites miettes d’éclairs au chocolat qui sont restées collées au bord du truc. Dégueulasse. Le responsable asiatique, là, qui parle fort et postillonne au-dessus de la table, semble d’ailleurs bien pâle. Est-on vraiment certain que la grippe aviaire n’est pas en train de progresser plus vite qu’on le dit ? Dans le doute, on va se saisir d’un nouveau gobelet tout neuf. Après tout, s’il reste trop d’eau à boire au fond des verres, ils n’auront qu’à la jeter à l’évier, celui qui collecte le tout, directement dans les réservoirs destinés à alimenter la population mexicaine des bidons ville de Mexico.

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    Un milliard d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable.<o:p></o:p>

    Un milliard de quoi, vous dites ?<o:p></o:p>

    S’ils n’ont pas accès à l’eau potable, ce ne sont pas des êtres humains, mais tout simplement des sauvages. Alors à quoi bon s’intéresser à leur sort ? Les sauvages sont pauvres, ils n’ont pas de pétrole et pas de dollars. S’ils aiment se baigner à poil dans des étangs plein de moustiques, après tout, qu’ils continuent !

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    C’est très bien organisé, ce petit comité international.<o:p></o:p>

    Ce soir, on ira sans doute au hammam et au jacuzzi, pour se faire masser par des petites brésiliennes encore vierges. C’est quand, déjà, le vin d’honneur du spectacle de gala ? A vingt trois heures ? Bien. A minuit, les feux d’artifice seront lancés, et les premières hôtesses arriveront à l’hôtel. Tout s’annonce très bien, en fin de compte.

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    De quoi se plaignent-ils, les gens ? Comment peut-on manquer d’eau potable sur cette planète ? Ici, c’est le champagne, qui coule à flots.<o:p></o:p>

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  • Commentaires

    1
    Akaton
    Jeudi 27 Mai 2010 à 13:45
    Cynique à souhait, ce texte tombe juste pour comparer la misère profonde de ces millions d'êtres humains qui n'ont pas d'eau potable à l'abondance qui règne aux réunions internationales de ce genre, il faut aimer l'humour noir pour aimer ce texte mais ça tombe bien car j'adore !
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