• Acte I article 06 - Il était une fois la mauvaise foi

    Nuit sur l'eau  - Bruno Cantais


    — 
    C’est une blague, rassurez-moi ? J’ai l’impression d’être un modèle, un vrai juste au cœur pur et innocent, qui mériterait son accès direct au paradis sans examen, et vous osez prétendre que je ne vaux pas plus que ces minables ? 

    — Je confirme. 

    — On ne parle pas des mêmes, c’est évident ! 

    — J’en ai bien peur. 

    — Mes deux employeurs ? Ces deux putains d’enfoirés d’employeurs ? Je ne vaux pas plus qu’eux ? 

    — Non. 

    — Je ne vous crois pas. Vous ne devez pas les connaître, sinon vous ne diriez pas ça ! 

    — Je les connais même mieux que toi. 

    — Mais enfin ! Avez-vous déjà vu comme ils traitent leurs employés ? Ils ne connaissent aucun respect ! Le premier est un petit homosexuel refoulé qui méprise les femmes et traitent tous les hommes de petits pédés, et le deuxième est un grand frustré généralisé qui passe son temps à donner des leçons aux autres et se caresser le nombril ! Le monde, pour eux, se constitue de deux sortes de gens : ceux à qui il faut graisser la patte, et ceux qu’il faut exploiter. Et en plus, les deux n’ont jamais tort. Ils ne se sont jamais trompés, et il y a toujours un autre individu de la chaîne professionnelle qui doit être responsable à leur place. Ce n’est pas de la mauvaise foi, ça ? Ne me dites pas que je ne vaux pas plus qu’eux, bordel ! Je n’ai tout de même pas leur mauvaise foi, non ? 

    — Ta mauvaise foi est différente, et pourtant tout aussi grave. 

    — Je suis de mauvaise foi, moi ? 

    — Tu prétends être toi-même alors que tu ne te montres jamais comme tel devant autrui. 

    — C’est que je suis timide ! 

    — Allons, allons ! 

    — Je suis trop tolérant et conciliant : en société, je laisse s’exprimer les autres sans juger, et puis, pour ne pas les agresser, j’évite de les contredire. C’est quand même sympa, non ? S’ils veulent savoir ce que je pense réellement de ce qu’ils disent, ils n’ont qu’à me poser la question, après tout ! S’ils ne me demandent rien, c’est qu’ils ne veulent pas savoir ! Vous savez, il ne faut pas se leurrer, lorsqu’ils vous prennent à parti, en bas, c’est toujours pour avoir votre bénédiction sur ce qu’ils viennent de dire ou faire. Connaître votre propre personnalité, ça, ça n’intéresse personne ! 

    — Si ta personnalité ne servait à rien, crois-tu que nous aurions pris la peine de t’en doter ? 

    — Peut-être que le monde a changé, et que certains paramètres de votre création ne sont plus d’actualité… 

    — Les espèces ne sont-elles pas dotées d’une évolution ? 

    — Il paraît. 

    — Si ce paramètre n’a pas disparu, c’est donc qu’il fait encore partie des paramètres essentiels. 

    — Puis-je savoir à quoi sert une personnalité, selon vos critères ? 

    — A exister. 

    — Je n’existe pas ? 

    — Prenons le problème par un autre bout : comment te présenterais-tu, si je ne te connaissais pas ? Qui es-tu ? 

     

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  • Commentaires

    1
    visiteur_Pénélope
    Dimanche 26 Mars 2006 à 22:17
    En cette belle journ?de printemps de 23 heures, ton horloge n'est pas ?'heure !!!!

    Je viens de te d?uvrir. Je ne te quitte plus !!!

    love
    2
    charliebregman
    Lundi 27 Mars 2006 à 10:22
    en cette belle journ?de 24 heures, c'est chose r?r?;)

    rdv cet automne pour la remise des pendules ?'heure !!!
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