• Acte I article 11 - Aveuglements

     

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    CATHY DELAVIERE - Les orgueilleux

     

     

    — Non. Je veux bien accepter une petite part d’orgueil, mais je ne comprends pas pourquoi il me faudrait faire des efforts à considérer des minables comme étant mes maîtres à penser ! Parce que vous ne pourrez pas m’enlever ça de la tête : ce sont des minables. N’ai-je pas raison ? 

    — Minable, c’est la façon dont tu juges les gens. 

    — Ce n’est pas les juger, que de les considérer comme minables : je ne fais que constater leurs lacunes, leurs bassesses et leurs limites. Tout ce que je déplore, c’est que l’on nous vende des grands destins et des belles professions, et que ce soit entre des mains si peu expertes, que l’on nous abandonne, comme si la stupidité du programme de notre enseignement ne suffisait pas amplement au désastre ! 

    — Que reproches-tu à l’enseignement, professeur ? 

    — « Professeur » ? Devrais-je donc, à vos yeux, ne point avoir d’avis sur les épreuves que l’on nous fait subir, et le moule par lequel l’on désire nous faire passer ? Devrais-je courber l’échine et dire amen à tout ce que l’on me présente, apprendre par cœur les aveuglements et céder aux effets de mode ? 

    — Quels aveuglements ? Quels effets de mode ? 

    — Prétendre détenir la connaissance de ce qui est beau et de ce qui est laid, n’est-ce pas être aveugle ? Exiger de nous un style d’architecture représentatif de l’école, avec toujours les mêmes façons d’appréhender les volumes et les matériaux, n’est-ce pas céder à un effet de mode ? Laissez-moi donc pleurer un bon coup : j’avais espéré un peu plus d’humilité et de lucidité ! 

    — Quoi de plus naturel, en somme, pour un orgueilleux comme toi ? 

    — Les autres ne le sont-ils pas plus que moi, orgueilleux ? 

    — Peut-être ne sont-ils là que pour refléter tes propres lacunes ? 

    — Ne suis-je pas meilleur qu’eux, à vos yeux ? Ne puis-je pas mériter davantage de compassion ? 

    — Ne méritera la compassion que celui qui aura su faire preuve d’humilité devant l’existence et l’Eternel. 

    — Je ne suis pas croyant, je vous ai déjà dit. 

    — Tu te réveilles un beau jour avec un corps qui fonctionne, un cerveau qui pense, et une conscience qui te guide, et tu prétends ne pas être croyant ? Comment cela est-il possible ? 

    — Je crois en la nature, au hasard et aux coïncidences, c’est tout. 

    — Que ton cœur ne cesse de battre pendant ton sommeil, que, chaque jour, le soleil apparaisse à nouveau comme par miracle, qu’un homme et une femme puissent s’unir et créer un être vivant, semblable et pourtant différent d’eux-mêmes, tu appelles cela du hasard ? 

    — J’appelle cela de la logique. Le sommeil n’existe que parce qu’il est capable de gérer cet automatisme vital que constitue notre rythme cardiaque, et le soleil réapparaît parce que c’est la terre qui tourne sur elle-même et qu’en étant situé dans sa partie obscure, il est normal que nous appelions cela la nuit. Quant à la reproduction, c’est la logique même de la vie. Tout être vivant meurt et doit donc préalablement se reproduire pour que les choses continuent d’être et d’exister. 

    — Que cette reproduction soit efficace dans la majeure partie des cas, tu appelles cela une coïncidence, sans doute ? 

    — J’appelle cela de l’entraînement. La vie est suffisamment exercée pour avoir su conserver des modèles qui fonctionnent. 

    — Et que la vie soit, cela ne t'interpelle pas ? 

     


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