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Catherine Lang, votre Ecrivayon tout en générosité
Je connais l'auteure Catherine Lang depuis maintenant plusieurs années par le biais de divers regroupements d’auteurs indépendants qui se sont créés sur Facebook et ailleurs.
Catherine est dotée d’une personnalité forte et pleine d’humour, et j’ai eu l’occasion de la rencontrer « en vrai » en mars dernier, au salon du livre à Paris.
Depuis le temps qu’elle fait partie des auteurs que je souhaite interviewer, c'est désormais chose faite… et vous n'allez pas le regretter !
Merci Catherine ;-)
Catherine LANG en bonne compagnie,
avec Jacqueline et Jacques Vandroux (au milieu)
et Chris Simon
au Salon du Livre 2014
Photo repiquée sur l'excellent blog des Vandroux
(Allez-y !)
1. Tu as plusieurs livres à ton actif. Peux-tu nous en parler brièvement ?
Difficile de parler de ses livres, c’est parler de ce qu’on aime.
Les Ballerines bleues est un roman policier sous forme épistolaire, l’histoire d’un prisonnier qui écrit à sa fille depuis sa prison pour raconter son histoire.
Kevin Martin, un homme sans histoire. L’écriture de ce livre a été chapeautée par un écrivain. Nous étions huit auteurs, avec rencontres quelques week-ends pendant huit mois. Il s’agissait de « s’interroger sur notre place dans ce monde terminé (?), où aurait sonné la fin de l’Histoire et commencé le long sommeil de l’Occident. S’interroger pour encore écrire et créer des personnages aux prises avec ce moment-là de notre (de nos) histoire(s) – au fond, sur ce qu’est l’homme (la femme) occidental(e) en ce début de XXIè siècle. Partir de personnages réels évoqués dans la presse, notamment par exemple les suicidés, ou bien "partir" de sa propre expérience, de ses propres doutes, pour dévoiler cet "homo depressus" ou, au contraire, découvrir des thèmes d’espoir et d’avenir. »
Cette précision pour dire que l’histoire de Kevin Martin s’inscrit dans un projet plus large et plus complexe que le thème de la pédophilie qui a été le prétexte à dire. Ce fut, pour moi, une aventure exceptionnelle et très marquante.
Le quart des choses, raconte la journée d’un trentenaire au RSA, monologue intérieur, ce qu’il voit, ses voisins, la rue, son regard sur les évènements locaux, mondiaux, le temps qu’il fait, ses réflexions sur la planète. Un livre un peu cynique, classé dans la catégorie humour.
La gare de Merlimont, est une promenade en train et dans la vie d’un frère et d’une soeur, dont les routes se séparent.
Traversée est un recueil de textes libres, de poésie, parfois « à la manière de » certains auteurs que j’ai lu, et B.A.L. en soir, une nouvelle érotique sur fond de cyber-sexe.
2. Pourquoi écris-tu ? Qu’est-ce qui te pousse à écrire selon toi ?
C’est une question très vaste et difficile.
J’ai découvert il y a peu de temps que j’aimais écrire, depuis environ 5 ans. Je ne dis pas que je n’y avais jamais pensé, il y a longtemps, de manière que je qualifierai de très fugitive, mais je m’étais dit que ça n’était pas pour moi. Et puis, je n’avais pas trop de temps à consacrer à ce type d’activité. Chaque livre, chaque texte écrit, qu’il soit court ou long, qu’il soit poétique ou érotique, est une expérience, un défi que l’on se lance, c’est difficile, cela demande du temps, de la concentration, de l’énergie, et je ne m’étais pas penchée sérieusement sur le sujet.
Écrire, c’est une manière d’avancer, d’être là. Je crois qu’on écrit parce qu’une vie ne suffit pas (ce n’est pas de moi).
Je crois que nous portons tous au fond de nous l’angoisse de la mort, qu’on se l’avoue ou non ; écrire est une manière de l’évacuer. Mais que les lecteurs se rassurent, je n’ai pas une personnalité morbide, je suis une personne gaie et souriante. Tu m’as rencontrée, tu peux en témoigner.
Quand on écrit, on est seul, tout en sachant que l’on fait partie d’une grande communauté d’auteurs. J’ai toujours aimé la solitude, et j’aime aussi l’idée de partager une passion commune.
Écrire, c’est aussi être libre, et ça, c’est important.
Enfin, on écrit peut-être le livre qu’on aurait voulu lire… à la manière dont on aurait voulu qu’il soit écrit.
3. As-tu des thèmes de prédilection, et quelles sont tes inspirations ?
Je ne sais pas trop quels sont mes thèmes de prédilection, par contre, je sais qu’il y a des genres que je ne traiterai pas, soit parce que je ne suis pas assez compétente, soit parce que je ne suis pas attirée. La science-fiction, par exemple (bien que j’aime la lire), la fantasy, le steampunk, la romance…
Dans tout ce qu’écrit un auteur, il y a des thèmes que l’on retrouve. Pour moi, ce serait peut-être une interrogation sur la vie, sur nous, ce que nous sommes, le monde qui nous entoure. Mes lecteurs savent que dans mes livres, les personnages ne sont jamais ni tout noir ni tout blanc. Ils sont humains. Nous sommes capables des meilleures et des pires choses. Ce n’est pas un regret de ma part, et je ne cherche pas à changer le monde, mais j’essaie de « constater », de raconter des histoires que j’invente, bien sûr, mais qui sont ancrées dans la réalité.
Quant aux inspirations, c’est un vaste sujet ; l’inspiration, c’est aussi ce que l’on est, ce que l’on a lu, la vision que l’on a du monde ou celle que l’on pourrait avoir.
4. Tu as la particularité d’être ce que l’on appelle un « auteur hybride », c’est-à-dire que tu es à la fois un auteur autoédité ET un auteur qui a un éditeur. Peux-tu nous en dire plus àce sujet ?
Quand j’ai commencé à regarder les premiers textes que j’avais écrits, je me suis posée la question suivante : qu’est-ce que j’en fais ? La réponse est venue naturellement, je vais les éditer. Il ne m’est pas venu à l’esprit, à ce moment-là, de les soumettre à un éditeur. Parce que je n’imaginais pas qu’un éditeur puisse s’intéresser à ce que j’écris. Mes livres sont dans un format plutôt court et ce n’est pas très intéressant commercialement parlant. J’ai donc chercher un imprimeur dit « traditionnel », à qui j’ai confié l’impression de mes livres (ce que je continue de faire aujourd’hui, car j’ai des lecteurs qui ont des réticences avec les achats en ligne et je fais parfois des salons).
Les éditions sont le fruit de rencontres. Mon premier livre, La gare de Merlimont, avait déjà été imprimé par mes soins quand j’ai croisé un éditeur qui l’a pris dans son catalogue. L’expérience n’a pas été concluante et j’ai récupéré mes droits au bout d’un an. Pour Kevin Martin, un homme sans histoire, le texte intéressait beaucoup un éditeur, mais il aurait fallu que j’en ai deux autres dans cette veine-là, ce qui n’est pas évident compte tenu de la psychologie du personnage qui n’a pas été facile à gérer. À noter aussi que j’ai proposé ce texte à un éditeur qui fait du court, mais qu’il a été refusé parce que trop dur.
Pour B.A.L. en soir, la nouvelle érotique, c’est aussi le fruit d’une rencontre, j’ai répondu à un premier appel à textes, il n’a pas été retenu ; je l’ai ensuite soumis à un deuxième appel à textes et il a été validé. C’est une nouvelle ; et elle est éditée en numérique sous mon vrai nom.
En dehors de ces cas précis, je n’ai jamais présenté mes livres à un éditeur.
À dire vrai, être éditée me fait un peu peur. Quand je vois que certains auteurs abandonnent leurs droits à vie (plus 70 ans après leur mort), pour 10 % du prix hors taxes d’un livre, avec une exclusivité sur les livres à venir, je me dis qu’il y a un problème. Je sais qu’il y a des éditeurs plus humains qui proposent des contrats plus courts et des pourcentages plus intéressants, mais ils ne doivent pas être très nombreux. J’aurais aussi un peu de réticence à « abandonner » mes textes. Bien sûr, je suis prête à faire une exception pour Gallimard, mais personne ne s’est pas encore manifesté.
J’aime cette indépendance que donne l’auto-édition ; l’auteur reste maitre de tout, même si ça n’est pas toujours une grande réussite, mais cela me convient. Et puis avec le temps, on apprend, on s’améliore (je l’espère, je parle pour moi).
5. C’est toi qui a lancé le projet de livre collectif Électrons Livres n°2. Selon toi, est-ce un bon moyen, pour les auteurs indépendants, de faire connaître leur travail ? Est-ce que cette expérience a été concluante ? encourageante ? décevante ?…
Ce n’est pas moi qui suis à l’initiative de ce projet. C’est le groupe "Les auteurs auto-édités", créé par Bruno Challard.
Je venais juste d’arriver dans le groupe, quand Bruno a lancé le premier recueil Électrons livres. L’année dernière, j’avais soumis à Bruno l’idée d’en faire un second. C’est vrai, j’ai un peu coordonné le recueil, mais les relectures de textes et les décisions de les faire figurer ont été faites de manière collégiale et c’est Bruno qui s’est chargé de la mise en ligne.
Pour ce qui me concerne, c’est une expérience concluante, même si aujourd’hui, on oublie quelquefois que ces deux recueils existent et qu’ils sont le résultat d’un travail en commun, ce que j’apprécie beaucoup pour ma part. Je fais partie de ces auteurs qui pensent qu’on a tout à gagner à faire des choses ensemble. Cela permet aussi de se connaître un peu mieux et de créer des solidarités.
Cette année, la réalisation d’un autre recueil n’a pas été évoquée, et ceci pour plusieurs raisons : nous avons quelques « leçons » à tirer de ce qui a été réalisé (le délai laissé aux auteurs pour préparer leur texte, l’implication plus ou moins importante des uns et des autres, etc. Et surtout, nous manquons de temps, tous, entre notre activité d’écriture, la promotion de nos livres, etc.).
Par ailleurs, le groupe "Les auteurs auto-édités" a lancé un Prix de l’auto-édition, nombre d’entre nous sont jurys. La lecture des ouvrages prend du temps et il faut faire toute sa place à cet évènement sans qu’il soit parasité par une autre, notamment lors de l’annonce des résultats.
Mais il n’y a aucune raison pour que cette expérience ne se renouvelle pas.
6. Quels sont les réseaux et sites que tu as l’habitude d’utiliser pour faire connaître tes ouvrages ? Où as-tu pu observer les meilleurs résultats ?
J’utilise les mêmes réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Google+) que les autres auteurs, ainsi que certaines plateformes comme Booklaunch ou Iggybook.
Booklaunch est ce que l’on appelle une page d’atterrissage, consacrée à un seul livre. Comme pour Iggybook, on peut y parler du livre et faire figurer tous les liens vers les plateformes d’achat. La lecture des statistiques y est intéressante, on connait le nombre de clics vers les plateformes de vente.
J’aurais du mal à dire que tel ou tel réseau ou site donne les meilleurs résultats, l’efficacité vient d’un tout, mais probablement plus coordonné que ce que je fais.
J’utilise aussi Goodreads. Mais je n’exploite pas à fond tout ces moyens, ni de manière régulière ; la promotion, c’est une tâche indispensable soit, mais qui est ingrate aussi.
Pour traiter, à mon petit niveau, de l’actualité littéraire et des auteurs indépendants, j’utilise Scoop.it, j’ai aussi un blog et une page Facebook Ecrivayon, où je relaie l’actualité de mes livres, les commentaires que je fais pour les autres auteurs, etc.
7. As-tu d’autres sujets que tu souhaiterais aborder ici ?
Pour parler de communautéd ’auteurs et partages, il y a de nombreux groupes et sites ; à ce sujet, je voudrais signaler un évènement hebdomadaire sur Twitter, c’est #Lundiblogs @Lundiblogs, créé par Chris Simon (voir notre interview sur ce site). Tous les lundis, les auteurs sont invités à partager des évènements depuis leur blog : un texte, un commentaire d’un autre auteur, une interview, un évènement, une réflexion, liés à l’écriture et la littérature. Twitter est un réseau social à ne pas négliger.
Je suis aussi un des « trois lecteurs fous » (ainsi que nous nomme Nicolas Tison), de l’Ebookivore.
Nous essayons de chroniquer le maximum d’auteurs, auto-édités pour la très grand majorité, mais nous ne nous interdisons pas de lire aussi certains livres édités.
Ces chroniques sont regroupées dans un ebook, en ligne sur Amazon, en numérique. La première mouture est sortie en janvier 2015, nous préparons petit à petit la prochaine.
Je voudrais évoquer aussi la sortie récente d’un recueil de poésie, La différence, suite à un concours de poésie initié par Alain Bonati, Plume de poète.
J’ai fait partie du jury et réalisé la publication sur KDP et Createspace par l’intermédiaire de mon association (Ecrivayon).
Pour en savoir plus sur Catherine Lang, retrouvez-la parmi vos réseaux :
Le blog de Catherine Lang :
http://ecrivayon.over-blog.com/Sa page Facebook :
https://www.facebook.com/LeQuartDesChosesRomanParCatherineLang?fref=ts
Son compte Twitter :
@ecrivayonScoop.it :
http://www.scoop.it/u/catherine-lang
Et découvrez son dernier livre Les Ballerines bleues.
Résumé :
Ludovic est en prison. C’est l’occasion pour lui d’écrire à sa fille unique, qu’il n’a pas vue depuis longtemps. Tout au long de ses lettres, il va raconter ce qu'il lui est arrivé, pourquoi il se retrouve dans cette maison d’arrêt dans la région bordelaise, lui qui habite Paris. Il va revenir sur son passé, essayer de renouer des liens avec sa fille. Et tenter de comprendre qui est la femme aux ballerines bleues morte sur la dune du Pilat un soir de septembre.
« Amanda Castello, le développement personnel est extremement important (2)Le meilleur guide d'autoédition, c'est le succès des auteurs auto-édités »
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