J’ai envie de rendre mon tablier

Rendre mes souliers, rendre mes papiers

Prendre mes clics, mes calques une fois pour toutes

Savoir à quoi m’en tenir, briser ce doute

 <o:p></o:p>

J’ai envie de m’asseoir, baisser les bras

Cesser de croire, de courir, faire le beau

Goûter l’entraille amère du caniveau

Manger le trottoir et tomber bien bas

 <o:p></o:p>

J’ai envie d’effacer d’une encre blanche

Ces paroles vaines, ces gestes sans parole

Ces coups de chance foireux, ces manques de bol

Dont la vraie place est entre quatre planches

 <o:p></o:p>

J’ai envie d’arrêter de me débattre

Ne plus me relever, ne plus me battre

Rendre mon titre et manger la poussière

Cesser d’être et redevenir poussière

 <o:p></o:p>

J’ai envie de détruire toute cette vie

Qui à personne, à rien, n’aura servi

Me foutre de tout et tout planter là

Envie de ciguë, pas de chocolats

 <o:p></o:p>

J’ai envie de définir une date

Echéance, impératif et limite

A ces espoirs naïfs qui s’effritent

A cet enthousiasme creux qui me gâte

 <o:p></o:p>

Envie de te revoir encore une fois

Toi dont le deuil m’a été impossible

Caresser tes doux cheveux de mes doigts

Et te livrer mon souffle imperceptible

 <o:p></o:p>

Qui te dira enfin tout le bien que je pense de toi

Et combien l’amour des autres est vide sans ton au-delà.