Le week-end de Pâques, c’est génial ! Chez nous, les cloches, elles s’arrêtent à Lyon, alors, chaque année, on attend Pâques avec impatience parce que Lyon, c’est un peu loin, tellement loin que je suis obligé de m’y faire conduire parce que je m’endormirais au volant si c’est moi qui devais faire le chauffeur.

Ma femme, elle est exigeante. Elle n’aime pas que je m’endorme au volant. Elle dit que ce n’est pas un endroit approprié pour dormir, d’autant plus que je ne suis pas le seul à dormir sur la route, et qu’entre dormeurs conducteurs, si on se comprend, c’est tant mieux, parce que ceux qui ne dorment pas, ça peut les surprendre et créer des accidents !

Du coup, quinze semaines avant Pâques, c’est-à-dire à peu près à partir de Noël, j’entame une cure de sommeil approfondi, à la limite de l’auto-hypnose et de la marmottification, afin de me sentir comme un homme neuf au moment des fameuses cloches.

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Les cloches, moi, je ne les ai jamais vues ni entendues, mais il paraît que c’est bien vrai, cette histoire. Un beau matin, le Pape nouveau qui est arrivé, il décide qu’il est grand temps de se gaver de chocolat, parce qu’on n’en a pas eu depuis Noël et parce que la planète entière est en manque de câlins (Dieu, il faut le reconnaître, semble tout aussi affectueux qu’un teckel nain sur lequel on viendrait de marcher sur la queue) et il jette alors par la fenêtre, des petites clochettes (les mauvaises langues impies disent qu’il s’agit de ses couilles) tellement mûres qu’avec tous les pigeons colombins qui traînent sur la Place Saint-Pierre, il y en a toujours trois ou quatre pour se dévouer pour leur offrir un joli tour d’Europe, comme ça, gratos, histoire de faire à tous les copains et les cousins qui sont restés en Espagne, en Suisse, en Pologne ou en Tchécoslovaquie, « hep ! vous z’avez vu ? c’est moi qui les tiens dans mon bec ! Nananère ! »

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(On me signale à l’instant en régie qu’il faut que je supprime le terme Tchécoslovaquie, supprimé de la langue officielle des peuples depuis quelques années de longs combats : on ne dit désormais plus Tchécoslovaquie, mais République Tchèque et Slovaquie, comme on dirait les Etats et les Unis, ou bien encore les Hauts et les Savoyards, ou les Portus et les Gays. Merci donc de corriger !)

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Revenons à nos moutons !

Ou plutôt nos pigeons !

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Ils embarquent donc les grelots du Pape comme ça, dans leur bec, comme si c’était du fromage, et comme leur ramage se rapporte à leur plumage et qu’ils sont les hôtes de tous les doigts,  ils leur font visiter toute l’Europe comme ça, par monts et par vaulx, juste pour répandre sur tout le continent la rassurante nouvelle que Dieu va bien, que le Pape a encore toute sa tête, et que les Saints Trésors sont entre bonnes mains.

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Pour moi, cet événement, facilement détectable par l’invasion de lapins, poules, canards et œufs en tous genres, est synonyme de printemps.

Or, au printemps, c’est le moment d’effectuer le fameux voyage que l’on pourrait qualifier de « voyage de printemps » ! Alors nous partons pour Lyon, et là, c’est toute une expédition, non pas parce que Lyon c’est loin, mais parce que les marmottes, ça fait des bébés marmottes, et les bébés marmottes, au printemps, ça prend beaucoup de place, dans une voiture …

[A SUIVRE ...]

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