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Un sourire forcé peut rendre malade
LIFE - Mercredi 23 février 2011Dans la vie professionnelle, le sourire forcé peut rendre malade. Une nouvelle recherche trapportée par The New York Times tend à prouver que faire un effort pour paraître de bonne humeur sur les lieux de travail a des conséquences négatives sur la psyché et la santé de l'individu.
L'étude publiée dans l'Academy of Management Journal a été menée par des scientifiques auprès d'un groupe de chauffeurs de bus. Le choix du panel et de la catégorie socioprofessionnelle s'explique par la nature même de leur travail et la répétition des interactions avec le client —le métier demande de la courtoisie et de la politesse voire de la diplomatie.
Le comportement des chauffeurs était séparé en deux phases: «l'humeur de façade» et à l'inverse, «l'humeur sincère» qui doit générer des sourires authentiques.
Après observation, les chercheurs ont conclu que les sourires forcés avaient une influence néfaste sur le sujet. De fait, on note une baisse significative de la productivité. L'effort entraîne la déconcentration du chauffeur, notamment quand le sourire n'est pas accompagné d'une tentative d'élimination des mauvaises pensées. Etre obséquieux ne fait donc que les renforcer.
Toujours selon l'étude, les femmes seraient plus touchées que les hommes par les effets négatifs (cela risque de faire plaisir à notre chroniqueuse Titiou Lecoq). Selon Brent Scott, un professeur assistant en management de l'université du Michigan, c'est le rôle social de la femme —«la tendance à extérioriser leurs émotions»— qui rend le sourire forcé encore plus difficile.
Cette étude vient aussi alimenter les conclusions d'un psychologue allemand. Le professeur Dieter Zapf de l'université Goethe de Francfort avait prévenu en 2008 les «professionnels du sourire» (à savoir hôtesses de l'air ou vendeurs en magasin) que l'excès d'amabilité pouvait causer stress, dépression et problèmes de coeur.
Il avait confié au magazine de santé Apotheken Umschau que les gens concernés devaient absolument prendre des pauses pour récupérer car le sourire était un effort stimulant des muscles et provoquant une hausse du rythme cardiaque.
Le problème avait eu un écho particulier en Allemagne où la politesse du service clientèle a longtemps été raillée. Une idée reçue qui avait ainsi obligé la ville de Berlin, en 2006 peu avant la Coupe du monde de football, de publier une circulaire demandant aux Allemands de sourire davantage dans leurs interactions avec les touristes.
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