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    — La fièvre le fait délirer … diagnostiqua le toubib.

    J’ai beau regarder partout dans la salle, je ne vois pas encore d’éléphants roses.

    — Je ne me sens pas délirant, pourtant …

    — Non, bien sûr, mais on va quand même vous faire une petite piqûre pour faire descendre la température. En plus, ça vous fera dormir. Vous en avez bien besoin.

    Quoi ? C’est à la cure de sommeil forcé, qu’ils comptent me soigner ? Eh bien, bravo ! Elle est belle, la médecine d’aujourd’hui. C’est comme ça qu’on les rééduque, les fiévreux du système, les rebelles de la température raisonnable ? On les ensuque, on les drogue, et on les met au lit pour avoir la paix ?

    Si j’avais su, je serais resté chez moi.

    D’ailleurs, comment se fait-il que je sois là ? Je ne me souviens pas très bien.

    — Ça, c’est sûr qu’avec vos cochonneries, je finirai par en voir, des éléphants roses, j’ai dit.

    En guise de réponse, il a saisi une seringue avec sa trompe, et puis me l’a enfoncé dans l’épaule.

    — Même pas mal.

    Cela a dû le contrarier, car il s’est mis à marmonner quelque chose d’inintelligible en essayant de faire demi-tour dans l’espace restreint qui lui restait entre le mur et le lit. Finalement, il a réussi à rejoindre la porte et à y faire passer son gros cul pour disparaître dans le couloir.

    — C’est fou comme les passages sont déformables, de nos jours, j’ai dit à l’infirmière. Ça fait partie des demandes particulières de l’établissement, de pouvoir laisser passer le pachyderme d’une pièce à l’autre ?

    Elle a fait une drôle de tête et s’est avancée pour trafiquer quelque chose dans mes médicaments, de telle sorte que son long cou s’allongea suffisamment vers moi pour me dévoiler tout un amas de tâches sombres et suspectes.

    — Qu’est-ce que vous avez un long cou ! je me suis exclamé.

    — C’est pour paraître plus grande.

    — Et puis, qu’est-ce que vous avez de petites oreilles !

    — C’est pour éviter d’entendre trop de bêtises.

    — Et ces cornes, là, c’est quoi ?

    — C’est rien : c’est un serre-tête.

    — Ah.

    Il n’empêche qu’elle ressemble beaucoup à une girafe. D’ailleurs, je me demande si ce n’est pas un morceau de feuille, là, qui lui reste entre les dents …

    — On ne s’est pas déjà vu quelque part ? j’ai demandé à tout hasard, en me rappelant ma dernière visite au cirque.

    — Pas que je sache.

    Elle m’a adressé un grand sourire de courtoisie, m’a souhaité une bonne nuit, et elle s’est dépêchée de disparaître.

    — C’est un zoo, ici ! je me suis exclamé.

    Mon voisin de chambre a émis un drôle de rire, à la limite des rires vicelards de ceux qui ont une idée derrière la tête. Je le savais bien, qu’il n’est pas aussi dépressif qu’il en a l’air.

    — Tu veux des céréales ? j’ai proposé.

    Il a pris le paquet et a commencé à bouffer. C’est sûr, il ne va jamais me le rendre avant de l’avoir terminé.

    Mais je n’ai pas eu le temps de le surveiller car je suis tombé littéralement de sommeil, sans pouvoir compter jusqu’à dix.

     

    Quand j’ai rouvert les yeux, il y avait tout un remue-ménage autour de moi.

    — Qu’est-ce qui se passe, ici ? beugla l’infirmière en chef.

    Ça va, ça vient, les lampes s’allument, les lampes s’éteignent, ça se rallume, ça court dans les couloirs, ça fait grincer les portes, ça fait faire des courses poursuites aux chariots …

    — J’ai la chiasse … se plaint mon collègue de chambre.

    Je suis sûr qu’il a fini les céréales. Ce goinfre a tout bouffé sans m’en laisser.

    C’est bien fait pour lui. Que je ne l’entende pas se plaindre ! Le péché de gourmandise, il n’a qu’à le payer au prix fort ! En plus, si ça se trouve, il l’a combiné avec un péché d’avarice …

    — Quel est le sombre crétin qui vous a amené ce paquet de céréales ? l’engueule l’infirmière.

    — Ben … C’est …

    — Je vous avertis : si vous continuez comme ça, on interdit les visites ! Ils veulent vous tuer, ou quoi ? Vous ne paraissez pas encore assez déshydraté à leur goût ? Jacqueline, ramène le déambulatoire pour le monsieur ! On va le mettre sous perfusion.

    — Ah non, pitié ! Pas la perfusion …

    Ça y est. Le voilà qui pleurniche. Ce crétin se vide de tous les côtés, et voilà qu’il se plaint que l’on daigne enfin s’occuper de son cas !

    — Le docteur m’avait pourtant promis qu’il n’y aurait plus de perfusion …

    — Le docteur ne vous a-t-il pas interdit de manger autre chose que ce que l’on vous propose ?

    — C’est pas ma faute … J’avais faim …

    Ce voisin de chambre est insupportable. Non seulement il a écoulé toutes mes munitions préventives, mais, en plus, il sabote tout mon plan de rétablissement. Encore cinq minutes dans ce bordel, et je n’ai plus sommeil. C’est un terroriste, c’est sûr ! Si ça se trouve, même, c’est un chasseur d’éléphant, qui est venu ici pour braconner de nuit.

    — C’EST UN PIEGE ! je me suis soudain écrié en me dressant tout droit sur le lit.

     

    Stupeur et tremblements dans la pièce.

     

    — Fuyez ! N’appelez surtout pas le médecin aux grosses fesses ! Ce type est un obsédé de la trompe ! Ça va être un carnage !

    — Jacqueline, sonne l’alarme ! On va avoir besoin de renforts !

    — Oui, c’est ça ! Appelez vite les garde-chasses ! Qu’on lui lance le filet de gladiateur sur le dos ! Il ne s’échappera pas !

    — Pourquoi il parle de gladiateurs, lui ? s’inquiète le chasseur. Il va y avoir des lions ?

    Ah ! On fait moins le malin, hein ? Quand il s’agit de se mesurer aux fauves, là, tout de suite, on ne brille pas, pas vrai ? Bien fait. Je lui ai foutu la grosse frousse. Ça va le calmer un moment, et pendant ce temps-là, je vais pouvoir essayer de me rendormir sur mes deux oreilles.

    Dans le couloir, des gazelles devaient tenter d’échapper à deux grands hyènes qui en voulaient à leur peau. Des sabots crissèrent sur le sol de plastique, et les deux hyènes pénétrèrent dans la chambre.

    Je vais faire semblant de dormir, comme ça, si jamais ils n’aiment que la viande qui bondit, ils ne me toucheront pas.

    — Il y a un problème ? j’entends.

    — Celui-ci a chopé la diarrhée, et l’autre nous a fait une petite crise de délire, mais il semble s’être rendormi …

    Je sentis un souffle chaud venir renifler l’odeur de ma chair. S’il ose un seul coup de langue sur ma figure, je le défenestre !

    — Ça a l’air d’aller … il a chuchoté.

    Mince ! Je l’ai échappé belle. Quelle idée, de faire le mort en présence deux hyènes affamés ! Je dois être béni. Le cul bordé de nouilles. Ça aurait pu tourner très mal, ce plan-là …

    — Et vous ? Qu’est-ce qui vous prend, d’ameuter tout le quartier comme ça, en pleine nuit ?

    — Il s’est fait dessus ! Regardez-moi ça ! Oh, c’est pas vrai ! C’est ma journée, ou quoi ? se lamente une infirmière.

    — Bon, désolé, mais on va vous laisser ! On n’est pas du service, nous, pas vrai, Fifi ?

    — Ah, ça ! Merci pour votre aide ! Je savais qu’on pouvait compter sur vous, les mecs !

    Ça va tourner au règlement de compte pro-féministe, cette histoire. Ils commencent vraiment à me courir sur le haricot :

    — Silence ! j’ai fait en restant couché en remontant les draps au-dessus de la tête. Ce n’est donc pas possible de dormir tranquille, dans ce boui-boui ?

    C’est vrai, quoi. Les soins coûtent suffisamment cher pour que l’on puisse exiger le silence, non ?

    — On l’a réveillé …

    J’ai sorti la tête des draps et je les ai regardés un à un droit dans les yeux, afin qu’ils saisissent bien la culpabilité qui devrait désormais les ronger :

    — Je suis là pour dormir, moi ! Cela fait trois jours que je n’ai pas fermé l’œil de la nuit à cause de la fièvre, alors, s’il vous plaît, comportez-vous en personnel efficace et responsable parce que maintenant que la fièvre commence à baisser, j’aimerais bien que l’environnement participe aussi à la convalescence, si ce n’est pas trop vous demander. Je ne suis tout de même pas un cobaye, bon sang ! S’il s’agit de me faire ingurgiter des merdes pleines d’effets secondaires et indésirables sans se soucier de ma guérison véritable, je rentre à la maison, moi ! Je n’ai pas de temps à perdre ! C’est précieux, le temps, pour les hyper-actifs comme moi ! J’ai plein de choses à faire, plein de choses laissées en plan ! Alors, silence, bordel ! Que je puisse enfin le piquer, ce petit roupillon !

    J’ai entendu chuchoter l’infirmière avec l’aide-soignant de service. L’un des deux grands hyènes sortit de la chambre à reculons, et il déboula quelques dizaines de secondes plus tard à mon chevet avec de grosses gouttes de transpiration qui perlaient sur le front :

    — On va vous refaire une piqûre, a dit l’aide-soignant, en essayant d’être plus rassurant que Hyène-qui-transpire.

     

    Eh bien voyons ! C’est reparti !

     

    — Décidément, vous aimez ça, vous, faire des piqûres ! j’ai fait observer. On vous donne la prime en fonction du nombre d’injections ?

    Il se contenta de se référer lâchement au toubib éléphantesque, le salaud :

    — Le docteur a personnellement exigé que l’on veille à ce que vous fassiez une bonne cure de sommeil, me donna-t-il en guise d’argument.

    — C’est quelle heure ? j’ai demandé.

    — Cinq heures du matin.

    — Je ne vous crois pas.

    — Quel intérêt aurais-je à vous mentir ?

    — S’il était vraiment cinq heures du matin, vous seriez déjà en train de préparer les petits déjeuners !

    Sa blouse était aussi blanche qu’un linge qui sort de la machine à laver, mais elle semblait déjà toute froissée, comme lorsqu’on s’assoupit sur un canapé pour faire une sieste qui dure plus longtemps que prévu. Son regard, lui, était vaseux comme celui que l’on tire du lit trop tôt, et son haleine était loin d’être fraîche.

    Ce type là était payé à dormir, il n’y avait pas le moindre doute là-dessus.

    — Et les autres, ils dorment ? j’ai demandé.

    — Bien sûr.

    Il n’y aura pas la moindre honte qui planera sur son regard. Ce fonctionnaire se croit bien évidemment dans ses droits et au-dessus de tout.

    — Ils dorment tous ?

    — Oui. C’est pour ça qu’il faut accepter ce petit échantillon gratuit du marchand de sable …

     

    Il m’a fait la piqûre, et je me suis rendormi à nouveau.

     

    Quand j’ai rouvert les yeux, la neige avait fondu et c’était le printemps. Il y avait trois immeubles en plus devant le parc de la résidence, et j’avais complètement changé de tête. Quant au chasseur d’éléphant, il avait manifestement été remplacé par un petit vieux très mal en point, qui semblait avoir autant de mal à ouvrir les yeux qu’à desserrer les dents.

     

    Mon paquet de céréales, lui, n’avait évidemment pas réapparu pour autant.

     

    — J’AI FAIM ! j’ai hurlé.

    C’est bon signe, d’avoir faim, quand on revient d’une longue maladie. Et puis ça va leur faire plaisir, aux membres de l’équipe soignante, de me voir tout rétabli de la sorte, avec du souffle et de l’énergie …

     

    Mais le petit vieux qu’ils avaient mis dans le lit d’à côté ne dut pas l’entendre ainsi.

    Il fit un tel bond de sursaut que son monitoring dessina tout-à-coup un tracé si plat, que le truc déclencha un bruit strident à la limite du supportable.

     

    Il était vraiment temps que je me barre.

     

     

    Référencé par Blogtrafic


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    L’action se situe dans une contrée où nulle amitié véritable n’est possible. Triste commencement. Il y a des jours où l’on préfèrerait avoir choisi d’autres lectures mais, hélas, on n’a pas toujours l’embarras du choix, en matière d’histoires de cow-boys. Il faudra donc espérer que l’ambiance s’améliorera au fil des lignes, et si ce n’est pas vraiment le cas, songer à m’adresser un petit mail au service des réclamations…

    <o:p></o:p>

     

    Quelque part, donc, au fin fond d’une contrée demeurant inaccessible à tout épanchement d’affinité ou de compassion, dans une petite ville dortoir située au beau milieu des terres les plus reculées du Far Profond des Alpes occidentales, là où même le grand-père de Heïdi n’aurait jamais imaginé pouvoir dialoguer ne serait-ce qu’avec une chèvre, un cow-boy solitaire, nommé Lucky Bouille, descend de son cheval blanc poussière, et s’avance vers ce qui pourrait effectivement ressembler à un bureau de poste, mis à part, curieusement, le fait qu’aucune mendicité ne semble à priori se manifester à proximité.<o:p></o:p>

    — Aujourd’hui est un grand jour, proclame le cow-boy, bien que personne ne soit là pour l’écouter.<o:p></o:p>

     

     

         Il s’avance avec contenance, déjà disposé à attendre son tour sans faire d’histoire, monte nonchalamment les quelques marches du perron, et là, vlan ! voilà qu’il se casse littéralement le nez sur la porte automatique et à demi-blindée, qui a oublié de s’ouvrir devant lui.

    — Putain de putain de putain de putain de merde ! fulmine-t-il.<o:p></o:p>

    Début de la parenthèse : une parenthèse demeure nécessaire pour m’excuser d’avance du nombre de « putain » présents sur ce site. Promis, dès que ma fille commence à parler, je fais des efforts pour essayer de trouver un équivalent plus délicat et passe-partout. Fin de la parenthèse. L’histoire peut reprendre son cours chaste et naturel :<o:p></o:p>

    Lucky Bouille regarde à droite, à gauche, jette un regard méfiant et suspicieux par dessus les épaules, s’apprête à affronter en homme, avec la voix grave, le regard terrible et les poings prêts à défendre sa virilité et son charisme invétéré, l’éventuel fou rire des encore plus éventuels témoins, mais il n’y a personne : ni fou rire ni témoin.<o:p></o:p>

    Alors il s’éponge le tarin d’un geste large et réconfortant, parce qu’il a quand même mal, même si c’est un cow-boy et qu’à l’école des cow-boys, on lui a toujours répété qu’un vrai cow-boy, ça ne doit jamais montrer que ça a mal, même si à vue de nez, le coup qu’il vient de se ramasser doit faire terriblement mal quand même. « Un vrai cow-boy doit garder la tête haute et rester digne en toute circonstance, serrer les dents et ne rien laisser entrevoir de ses souffrances, rester stoïque et de marbre, et ne pas plier ni sous les coups ni sous le vent. »

    Telle est la leçon des années vides données aux têtes à rendre bien pleines.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Alors Lucky Bouille fait un pas en arrière, afin d’avoir plus ample vision de la situation peu courante à laquelle il se trouve confronté, cherche éventuellement une poignée ou une sonnette d’alarme afin d’obtenir justice et dédommagements auprès d’un gardien qui saura lui ouvrir cette putain de barricade vitrée au travers de laquelle on ne voit rien tellement qu’il fait noir à l’intérieur, mais non : rien. Pas de poignée, pas de petit marteau rouge et de vitre à briser, pas de gardien, pas de client, pas de guichetière.<o:p></o:p>

    Le calme plat. Tout le contraire de l’émeute.<o:p></o:p>

    Un peu comme quand tout le monde a fini de se battre, au saloon, que le shérif est arrivé pour punir les coupables, et que le manque d’ambiance s’est installé au point de faire partir tous les autres qui auraient pourtant pu prendre la relève.

    — Voilà un édifice qui n’attire plus beaucoup le coyote ! se dit le cow-boy la main encore sur le nez. J’ai dû manquer un épisode …<o:p></o:p>

    Eh oui : ça parle, un cow-boy ; ça parle et ça pense. Et ça pense surtout qu’un épisode manqué, ça laisse forcément des traces quelque part, une adresse à suivre, un petit mot d’excuses, je sais pas, moi, quelque chose ! Comment ils font, les gens, sinon, lorsqu’ils doivent prendre l’histoire en cours de route ?<o:p></o:p>

    Le cow-boy s’avance un peu plus contre la façade du temple postal, de sorte qu’il a maintenant le nez sur une espèce d’écriteau fort suspect, avec des grosses lettres toutes vilaines qui viennent s’imprimer au fond de sa rétine un peu comme le ferait le marc de café au fond d’une tasse.<o:p></o:p>

    Là, enfin, il déchiffre : « FERME LE DIMANCHE ET LES JOURS FERIES ».<o:p></o:p>

    Mais encore faut-il savoir qui les fixe, ces dimanches et jours fériés, quels en sont les critères de sélection, pourquoi et en quel honneur ! Le cow-boy se gratte la tête, juste au-dessous du chapeau (qu’il n’est visiblement pas prêt d’enlever), non pas parce que ça lui gratte spécialement à cet endroit-là, mais parce que le fait de se gratter à cet endroit précis lui procure une aide précieuse et indéniable pour réfléchir. Faut-il rappeler qu’il ne suffit pas de grand chose à un cow-boy, pour s’approprier la perspicacité universelle ou bien l’idée lumineuse du siècle ? D’ailleurs : tching ! Miracle ! Lucky Bouille fait volte-face à la façon Zorro (sauf que comme il n’a pas de cape, visuellement, ça en jette un peu moins que ce que l’on a l’habitude de voir au cinéma), et il comprend que si la grande rue est déserte à cette heure si avancée de la matinée, c’est que tout fonctionne effectivement comme si tous les commerçants et commerçantes de la ville étaient d’astreinte ou de garde au foyer familial, et que même si les indiens devaient envahir la ville, personne ne bougerait avant le lendemain matin parce qu’il y a encore toute la vaisselle des invités à faire, ainsi que la maison à ranger.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Bref, tout est mort. Ou, en tout cas, tout prête à croire qu’ils se sont tous mis d’accord pour faire ou simuler une véritable journée morte.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Le cow-boy consulte sa montre ultra super féodalement développée, sort un calepin de la poche arrière de son jean qui lui sert un peu les fesses, et note : « Rien d’ouvert le dimanche et les jours fériés. »

    Il faudra qu’il le révise tous les soirs, afin d’être opérationnel le jour où quelqu’un lui posera la question.<o:p></o:p>

    Du coup, il est déçu (et il n’est pas le seul, parce que son histoire, elle n’avance pas bien vite) : il remonte sur son cheval, et s’en va, en sifflotant un air tellement plein de fausses notes qu’on le prendrait presque pour un compositeur de musique contemporaine un peu cavalier.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Tant pis !<o:p></o:p>

    Il n’aura pas de petit timbre postal à accoler au dos de sa missive.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     

    Sale journée pour un lecteur, cow-boy, pas vrai ?

     

     

    Euh … Sale journée pour un cow-boy, je voulais dire, pas vrai, lecteur ?

     

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    Je ne suis pas d’accord avec tout plein de choses, comme la façon dont on entre en scène, par exemple, sans savoir vraiment ni quel rôle il va falloir jouer, ni pendant combien de temps.<o:p></o:p>

    Je ne suis pas d’accord que certains soient aidés à tout bout de champ, et que d’autres ont à rester dans l’embarras pendant toute la durée de la représentation.<o:p></o:p>

    Je ne suis pas d’accord avec l’importance des costumes et la couleur de la peau.<o:p></o:p>

    Je ne suis pas d’accord avec le fait qu’il y ait des acteurs en pleine lumière, et d’autres qui restent toujours dans l’ombre. Je vous avertis que je ne suis pas d’accord pour embrasser cette postulante, là-bas, qui a mauvaise haleine. Je ne supporte pas d’être approché par des personnes qui mangent de l’ail. Je ne suis pas d’accord. Celle-ci, par contre, a l’air un peu timide, mais elle est quand même plus jolie et plus jeune. J’aime bien les jolies femmes, et j’aime bien sentir que je leur plais. Je ne suis pas d’accord pour être un looser, qui lorgne sur la femme des autres toute sa vie, et qui se termine sa représentation aigri de n’avoir pas pu bénéficier d’un peu de part du gâteau.<o:p></o:p>

    Je veux un rôle important, je veux être respecté.<o:p></o:p>

    Je veux également être aimé. Que le scénariste se creuse la tête, qu’il trouve une solution pour me faire aimer des autres. Je ne suis pas d’accord pour avoir à me battre pour obtenir un minimum d’affection. Je ne suis pas d’accord non plus pour que l’on ne cite pas mon nom à la fin de la représentation. Je ne veux pas que l’on m’oublie. Je ne veux pas que l’on critique ma façon de jouer, que l’on me trouve des défauts ou que l’on me trouve pas bon. Je veux être applaudi. Récompensé et adulé. Je veux une pluie de récompenses sur scène, et si possible pas au moment où mon rôle doit se terminer.<o:p></o:p>

    Je ne suis pas d’accord au sujet des places pour les membres de ma famille. Je ne vois pas pourquoi il faudrait qu’ils soient sur scène également. Ils ont le droit de se reposer un peu et regarder jouer les autres. A chacun son tour. Je veux qu’ils puissent me voir depuis leur fauteuil ou leur télévision, sans être impliqués dans l’histoire. Je ne suis pas d’accord pour qu’on les fasse payer, et pas d’accord non plus pour qu’on leur cherche des noises.<o:p></o:p>

    Je ne suis pas d’accord avec ce projet de profil. Je ne veux pas d’un nez aussi gros. Je n’aime pas les gros nez. Ni les oreilles décollées, d’ailleurs. Soyez gentils : revoyez un peu le maquillage. Je ne veux pas de boutons d’acné. Je veux une peau de bébé, lisse et douce, que les femmes aiment caresser. Je ne suis pas d’accord sur les horaires, sur l’heure du levé du soleil, et l’heure du coucher. Je n’aime avoir froid. Je n’aime pas avoir les mains gercées. Je veux une salle bien chauffée, agréable à vivre. Je n’aime pas avoir faim non plus. Je déteste avoir faim. Cela me met en rogne et je n’aime pas être en rogne. Qu’est-ce que l’on pourra manger ? Je ne suis pas d’accord pour avoir à avaler n’importe quoi. Je suis un gourmet. Gourmand, mais aussi gourmet. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas bénéficier d’un traitement de faveur à ce niveau-là.

     

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    Je ne suis pas d’accord sur les projets du dernier acte. Toutes les fins sont tragiques. Je ne supporte pas les tragédies. Ce n’est pas possible de finir dans la joie et la bonne humeur ? Je ne suis pas d’accord pour être tenu responsable de la tristesse des gens à la fin du spectacle, ni pour mourir n’importe comment, dans n’importe quelles conditions. Je ne suis pas d’accord pour être de ceux qui doivent mourir en souffrant. D’ailleurs, si c’est possible, je préfèrerais ne pas mourir du tout. Certains rôles devraient être réécrits, je pense. Il semble y avoir beaucoup de temps morts, beaucoup de discours stériles et de rencontres inutiles. Et puis, il y a trop de figurants qui parlent. Les figurants sont là pour figurer. S’ils ont des choses à dire, qu’ils le disent en dehors de la représentation. Qui a écrit cela ? Je ne suis pas d’accord pour accepter de jouer le travail de n’importe qui. Je ne suis pas d’accord avec les fautes de frappe non plus. Les quiproquos, les lapsus et les gaffes à outrance, je ne suis pas pour. Frapper, c’est un métier. On ne s’improvise pas frappeur. Celui qui a frappé ce synopsis mériterait d’être puni. A l’école, les fautes d’orthographe étaient sanctionnées. Ici, on a l’impression que la pièce entière est une collection de fautes de frappe et de situations inadaptées. Je ne suis pas d’accord pour faire comme si je n’avais rien vu. Je ne suis pas d’accord avec les conventions. Ce n’est pas parce que je suis acteur que je n’ai pas mon mot à dire.<o:p></o:p>

    Je ne suis pas d’accord avec le nombre de spectateurs. Trop restreint. Moi, je veux être célèbre. Vous n’avez qu’à me trouver une plus grande salle, ou alors de meilleurs moyens de diffusion. Je ne suis pas d’accord pour jouer sans micro. Que l’on me m’accorde un micro ! Je ne suis pas d’accord pour ne pas être un chanteur. Je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas le droit de dire tout ce que j’ai à dire en chanson. Je ne suis pas d’accord également sur les rôles de bègues. Je ne veux pas jouer le rôle d’un bègue. Trouvez-en un autre ! Les bègues n’ont aucun moyen de s’en sortir la tête haute, dans une représentation comme celle-là. Je ne suis pas d’accord non plus pour avoir le rôle d’un handicapé ou d’une personne qui n’aurait pas toutes ses facultés mentales. Je ne suis pas d’accord avec l’existence de tels rôles dans la pièce. Ils n’apportent rien. Ils sont absurdes et déprimants. Je ne suis pas d’accord pour jouer une pièce déprimante. Les spectateurs ont besoin de spectacle, et les acteurs ont besoin d’exister au travers de leurs actes. Je ne suis pas d’accord pour être quelqu’un qui s’ennuie et qui ennuie les autres. Que l’on me donne plein de choses à faire, et plein de choses à dire. Je les dirai avec talent et subtilité. Vous pouvez compter sur moi, mais je ne suis pas d’accord avec vous si vous me prenez pour un con. J’exigerai d’ailleurs un contrat plus clair et plus limpide, avec une indication précise sur le pourcentage que je pourrai percevoir sur les recettes. Il n’y a pas de recettes ? Vous vous moquez de moi ? D’ailleurs, puisque nous abordons le sujet, autant que vous sachiez que je déteste la pauvreté. Je ne supporte pas de manquer de quoi que ce soit. Je ne suis pas d’accord pour trimer toute une vie pour rien avoir au bout. Je ne suis pas d’accord également avec l’ingratitude des enfants et la trahison des amis. Donnez-moi un rôle avec des enfants qui filent droit, et des amis sur lesquels je peux compter. Je ne suis pas d’accord avec les revirements de situation. Le suspens, c’est bien, mais je ne veux pas en être victime.<o:p></o:p>

    Ah ! Oui : je ne suis pas d’accord pour avoir un rôle de victime. C’est important, ça. Je ne veux pas être un bourreau, mais je ne veux as être victime non plus. Il y a un juste milieu à trouver.<o:p></o:p>

    Au sujet des dates, j’ai besoin de précisions. Je veux savoir à quel moment précis commence la représentation, où et dans quelles conditions. Le public sera-t-il hostile ? Les autres acteurs seront-ils accueillants ? Je suis timide. Je ne suis pas d’accord pour avoir encore un rôle de timide. Trouvez-moi un rôle qui sorte de l’ordinaire. J’en ai assez de jouer des rôles sans intérêt. Je ne veux pas de second rôle non plus. Il n’y a rien de pire qu’un second rôle, lorsque l’on rêve d’être à la tête de l’affiche.<o:p></o:p>

    Je veux être le personnage principal. Celui sur lequel toute la pièce repose.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Quoi ?<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Les autres veulent tous ça ? Nous voulons tous la même chose ? Il faudrait que certains acceptent de faire des efforts de leur côté pour que d’autres aient la possibilité d’accéder à leur grand rôle ? Si personne ne fait d’effort, les rôles seront tirés au sort ?<o:p></o:p>

    Et pourquoi devrais-je donc faire plus d’efforts que les autres, moi ?<o:p></o:p>

    Non. Je suis désolé mais je ne signerai pas.<o:p></o:p>

    Si les autres ne veulent pas me laisser la meilleure place, je ne suis pas d’accord pour faire partie de la troupe. Ils n’ont qu’à jouer leur pièce sans moi, et il est inutile de me regarder de travers, je ne reviendrai pas sur ma décision.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Je suis désolé.<o:p></o:p>

    Je refuse de naître tant que vos conditions ne sont pas revues et corrigées à mon avantage.

     

    <o:p></o:p>

     Je veux être quelqu’un, moi, et non un pantin !




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